Ces responsables affirment qu'ils sont prêts pour tout djihad qui lavera les blessures des musulmans. Entre la politique, la géostratégie et les relations économiques, l'Iran ne mélange pas les torchons avec les serviettes. De hauts responsables iraniens ont indiqué à L'Expression ainsi qu'à trois autres confrères que l'Iran fait bien la part des choses dans ses relations avec l'Algérie. Dans le domaine politique d'abord. Interpellé sur le soutien que l'Iran apporterait aux islamistes algériens, notamment l'ex-FIS dissous, pour l'instauration d'un Etat islamique au début des années 1990, Ali Larijani, président du Parlement iranien, réitère que l'Iran soutient toujours la voix du peuple. «... S'agissant du soutien iranien à une partie en Algérie, par le passé, je souligne que l'Iran soutient toujours les principes de la démocratie dans tous les pays (...). Nos principes sont clairs et nets. Nous respectons chaque parti qui arrive au pouvoir par la voix du peuple. A titre illustratif, nous avons soutenu le mouvement Hamas en Palestine, car il a pris les rênes du pouvoir d'une manière démocratique. Hamas a été élu par le peuple, mais l'Occident a imposé des sanctions et l'embargo contre le mouvement islamiste palestinien.» Sans le dire ouvertement, ce responsable politique laisse ainsi entendre que son pays n'a pas changé d'un iota ses principes en politique et assume de ce fait le soutien qu'il a apporté à l'ex-FIS dissous. «...Ce que je viens de dire était le même principe adopté dans la Révolution iranienne», a encore dit M.Larijani. Entre les lignes, on fait ressortir que l'Iran tient toujours à encourager l'instauration d'Etats islamiques dans le monde musulman. En défendant le principe de «la voix du peuple», un jargon d'ailleurs propre aux dirigeants de l'ex-FIS dissous, ce docteur en philosophie fait sans doute allusion aux élections législatives de 1991 en Algérie, suivies de l'arrêt du processus électoral, puis de l'insurrection institutionnelle organisée par le parti islamiste, interdit ensuite par la justice algérienne. M.Larijani, explique encore: «Notre relation avec l'Algérie est étroite. Nos visions convergent dans certains domaines. Après la révolution, l'Iran a posé une vision nouvelle pour le monde musulman. En Iran, nous sommes prêts pour tout djihad qui lavera les blessures des musulmans.» «A la recherche d'un bloc stratégique» A propos des relations entre les deux Parlements, le président de l'Assemblée iranienne ne cache pas son désir de bâtir des relations solides avec le Parlement algérien. «De notre côté, nous souhaitons approfondir nos relations, car nous considérons que les deux pays possèdent de grandes compétences. J'ai dit par le passé, que c'est tout à fait normal que le Parlement iranien travaille pour le rapprochement avec le Parlement algérien. Nous n'avons pas un but bien précis à travers le rapprochement dont je parle, mais nous essayerons de promouvoir les compétences des deux pays. Les relations entre les deux pays prennent de plus en plus de crédibilité», a t-il souligné. Le Dr Abbas, expert et analyste en politique internationale, résumant la situation, a affirmé que «l'Iran tend toujours la main aux Algériens». Sur les relations stratégiques, Manouchehr Mottaki, ministre des Affaires étrangères, a estimé que «les relations irano-algériennes sont stratégiques». Et de s'expliquer: «Nous avons des relations stratégiques avec certains pays à travers le monde selon les principes des intérêts communs. En Afrique du Nord, l'Iran fait de l'Algérie son partenaire stratégique. Il ne s'agit pas d'une relation avec d'autres pays de la région. L'Algérie a un rôle très important à jouer. Les intérêts des deux pays auront des effets positifs sur toute la région.» Selon des responsables iraniens, à travers un partenariat avec l'Algérie en Afrique du Nord et leurs alliés au Moyen-Orient, le monde musulman réussira à faire face «aux projets américains et britanniques dans la région». Le chef de la diplomatie iranienne a, par ailleurs, estimé que l'Algérie et l‘Iran «sont deux pays importants pour la stabilité de la région». Ces responsables iraniens estiment, d'autre part, que la politique et la conjoncture internationale imposent des alliances. C'est dans cette optique, qu'ils cherchent à modifier la configuration géopolitique de la région avec le souhait de «protéger» les pays musulmans. «Le monde musulman n'a d'autre alternative que de s'unir autour d'une seule force», a affirmé le Dr Abbas. M.Mottaki qualifie pour sa part les relations bilatérales avec l'Algérie comme étant «basées sur le respect mutuel et les intérêts de chaque pays». «La question sahraouie» Interpellé sur la position de l'Iran concernant la question du Sahara occidental, le chef de la diplomatie iranienne, M.Mottaki, a indiqué que ce dossier a été abordé par les plus hauts responsables du pays: «Ce dossier a été débattu lors de la visite du Président Bouteflika en Iran ainsi qu'avec le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci. La question doit être résolue dans le cadre de l'ONU. Egalement, nous pensons que le conflit du Sahara occidental doit être solutionné par des voies pacifiques et dans le cadre du dialogue. Je réaffirme que l'Algérie et l'Iran se sont entendus sur cette question dans le communiqué final, lors de la dernière visite du Président Bouteflika à Téhéran.»