Les moyens mis par l'Etat pour le développement de ce secteur sont énormes, mais les résultats, sur le terrain, ne suivent pas. Les portes ouvertes qui se sont tenues, la semaine dernière, à la salle Saïd-Tazrout sur les petites et moyennes entreprises ont révélé le potentiel et les limites du rôle de ces dernières dans l'emploi. Le nombre important de PME ne reflète pas, selon les avis recueillis, la réalité de l'emploi dans tous les secteurs confondus. Certains des participants iront même jusqu'à suggérer la création d'un organisme indépendant dans le but de connaître le nombre réel d'employés et de demandeurs d'emploi. Les statistiques, rendues actuellement publiques, ne seraient pas fiables pour des raisons qu'ils n'ont pas omis de relever. La capacité indéniable des PME à résorber considérablement le chômage et impulser une véritable dynamique de développement local impose une définition de celles-ci. Selon les dernières statistiques, datant du 31 mars 2008, le nombre de petites et moyennes entreprises dans la wilaya de Tizi-Ouzou s'élève à 15.474 employant 35.505 personnes. Les moyens mis par l'Etat pour le développement de ce secteur sont énormes mais, les résultats, sur le terrain, ne semblaient pas convaincre les investisseurs eux-mêmes. D'une part, les chiffres n'ont pas convaincu car plus d'un tiers des PME est représenté par des artisans. Et, si la loi inclut l'artisanat en tant qu'industrie dans ce cadre, la réalité du terrain, dans la wilaya, met plutôt en évidence les difficultés des artisans. Ces derniers, en réalité, travaillent, dans certains cas, sans employés alors que, dans d'autres, se font aider par des membres de la famille. Le secteur de l'artisanat reste actuellement à l'état rudimentaire. Les artisans interrogés restent dubitatifs quant à la capacité de leurs petits ateliers d'employer 250 personnes. D'autre part, les détracteurs de l'impact positif des PME dans le monde du travail avancent un argumentaire plus sévère. D'emblée, ils s'interrogent sur la définition précise d'un poste de travail. Pour eux, la réalité, dans la wilaya, est que beaucoup de travailleurs restent en dehors des lois régissant le monde du travail. D'abord, ce phénomène de «travail au noir» jette un doute sérieux sur les chiffres et les statistiques. Puis, ce sont les contrats de travail qui faussent, selon certains avis, les statistiques officielles. Les nombreuses formules d'embauche proposées aux demandeurs d'emploi, n'aident pas les spécialistes des statistiques à avoir les chiffres réels d'emploi et du chômage. Les contrats à durée déterminée ou indéterminée, arrivés à terme, sont inclus dans les chiffres officiels. Ainsi, tous les avis recueillis s'interrogeaient sur la définition réelle et le statut qui régit un poste de travail pour qu'il puisse, effectivement, être comptabilisé sans risque de se tromper. Enfin, les présents et les exposants s'accordaient, toutefois, sur la nécessité de développer le secteur des PME. L'Etat a mis à la disposition des jeunes et des demandeurs d'emploi un nombre important de dispositifs qui ont coûté des sommes colossales. L'Ansej, l'Angem, la Cnac, l'Andi et bien d'autres organismes sont de véritables viviers d'opportunités pour la création des petites et moyennes entreprises. Quant aux statistiques, elles sont des baromètres réels sur l'état de santé de tous les secteurs. Les spécialistes en la question rencontrés s'accordaient sur la nécessité de créer des sociétés indépendantes de statistiques et de sondages. Celles-ci offriront, alors, une meilleure visibilité sur les problèmes et permettront d'élaborer des solutions efficaces pour mieux appréhender l'avenir.