Voilà une histoire qui va agir comme le révélateur d'une société et d'un homme que l'on avait trop vite fait de résumer à son rôle de clown. Coluche reviendra cette semaine dans la peau de François-Xavier Demaison, dans un film d'Antoine de Caunes intitulé Coluche, l'histoire d'un mec. De son vrai nom Michel Colucci. Ce casseur de tabous utilisait son humour décapant pour remettre en question la morale, la religion et la politique et tous les travers de la société. L'histoire du film relate la partie la plus cruciale de son parcours, celle du début des années 80, où Coluche triomphait tous les soirs au Gymnase et où ses histoires circulaient des cours de récré aux bancs d'université en passant par les usines, les cafés, les salons ou les prisons. Comme un fil invisible qui se faufilerait à travers le fameux tissu social. L'ex-petite frappe de Montrouge fait rire un peu tout le monde, les opprimés de leurs oppresseurs, et certains des oppresseurs d'eux-mêmes. On peut exploiter le pauvre monde et aimer rire. Après s'être fait virer de Radio Monte-Carlo, l'idée lui vient, soufflée par Romain Goupil, que, finalement, la seule tribune où personne ne pourra le censurer c'est celle du candidat à l'élection à venir. Election dont on attend beaucoup, le principe d'alternance, capital pour une démocratie, n'ayant pas été appliqué depuis vingt-trois ans que la droite est au pouvoir. Encouragé par sa bande, puis rapidement par le public, Coluche se lance dans cette folle entreprise, avec une inconscience proportionnelle à son sens de la liberté, sans se douter de ce qui l'attend au tournant, si l'on peut dire. Ayant atteint, selon les sondages, plus de dix pour cent des intentions de vote, il subit de fortes pressions qui le poussent à retirer sa candidature. Durant les quelques mois que va durer cette aventure, il va se frotter non seulement à la realpolitik la plus ardue, mais aussi et surtout à lui-même, ou plutôt à une part de lui-même, dont il ne soupçonnait peut-être pas l'existence. Voilà une histoire qui va agir comme le révélateur d'une société et d'un homme que l'on avait trop vite fait de résumer à son rôle de clown. C'est donc, tout simplement, l'histoire d'un mec soudainement investi d'une mission sans l'avoir demandée et dont le poids va manquer, de peu, de l'écraser. L'histoire d'une métamorphose. Laissant derrière lui un patrimoine à envier dont de nombreuses comédies, qui sont d'énormes succès populaires, telles que L'aile ou la cuisse, Le maître d'école..., Coluche reçoit aussi le César du meilleur acteur pour Tchao Pantin (1983). Sensible qu'il était, il se lance dans l'humanitaire en fondant les Restos du coeur, en septembre 1985, dans le but de donner des repas aux sans-logis, en particulier pendant les mois d'hiver. Suite à un accident de moto, Coluche rend l'âme le 19 juin 1986. La polémique fait déjà le tour, avant même l'avant-première du film. A quelques jours de sa «sortie», le film sur Coluche fait face à une procédure judiciaire car la société Productions et Editions Paul Lederman veut obliger le réalisateur à changer son titre. Elle l'accuse de contrefaire le titre d'un sketch de l'humoriste, dont elle détient les droits. Pour l'un des producteurs, à travers cette procédure, selon le site Cinefil, il s'agit d'obtenir l'interdiction pure et simple du film.