Cette région divise les partis en campagne pour les législatives. C'est le constat qui a été fait après plusieurs jours de campagne dans cette région qui a décidé de faire l'impasse sur les élections pour sanctionner un pouvoir qui est tenu pour premier responsable dans la crise qui secoue la région. La plupart des partis en lice pour les législatives ne se sont pas vraiment prononcés sur la Kabylie, durant leur campagne, de peur d'attiser encore les haines et de provoquer une vindicte contre leurs candidats dans la région. Alors que certains candidats du FLN, d'El-Islah et du RND se sont déjà retirés de l'élection à Tizi Ouzou et Béjaïa, le PT reste en lice et essaye de récupérer l'électorat qui s'est éloigné du mot d'ordre de boycott du FFS et du RCD. D'ailleurs, le porte-parole du PT, Mme Louisa Hanoune a animé un meeting important hier, à la maison de la culture de Tizi Ouzou, ce qui définira la suite du processus électoral du parti dans la région. Si la reine de la protesta réussit sa sortie médiatique dans la région, elle est certaine de récupérer les hésitants. Mais, la crainte des partis ne provient pas de la Kabylie, mais du mouvement des ârchs, qui instrumentalise la population contre toute implantation des partis en lice pour les élections dans la région. Une situation qui a poussé certaines formations à minimiser leurs discours envers la Kabylie, et surveiller même la région, comme le lait sur le feu puisque aucun leader de la coalition gouvernementale ne fera de meeting dans la région. Au RND, le règlement de la crise en Kabylie passe indubitablement par le retour de la sécurité et une prise en charge sérieuse des revendications de la population. Ouyahia, dans ses discours, a toujours revendiqué la consolidation de tamazight en tant que langue nationale comme ciment de toute la nation aux côtés de l'Islam et de l'arabité. D'ailleurs, la déprogrammation de l'intervention d'une candidate du parti en tamazight, à une heure tardive, alors qu'elle était programmée en prime time, en vue d'approcher l'électorat kabyle, a provoqué la colère du secrétaire général du RND, qui reste conscient de l'importance que peut apporter l'électorat kabyle surtout dans la capitale. Par ailleurs, Ouyahia, qui ne s'est jamais exprimé en kabyle, comme Harchaoui dans ses meetings, envisage de le faire à l'occasion de la finale de la campagne qui aura lieu le 27 mai à Alger, comme pour dire son attachement à cette langue, mais aussi à sa région. Originaire du coeur du Djurdjura, du village de Bouadnane commune d'Aït Ouabane, située entre Tikjda, Beni Yenni et Ouacif au lieu dit la Main du juif, Ouyahia est toujours resté attaché à ses racines malgré son implication dans le pouvoir. Par ailleurs, le FLN a pris ses distances vis-à-vis de la crise kabyle. Le règlement partiel du problème kabyle, l'amorce d'une rencontre avec les dialoguistes et la constitutionnalisation de tamazight par Ali Benflis, en tant que Chef du gouvernement ont sensiblement servi le FLN dans sa campagne de sensibilisation des citoyens. Au moment où les islamistes du MSP, d'El-Islah et d'Ennahda critiquent avec virulence les ârchs nés du mouvement citoyen. Nahnah préconise par exemple, en cas de forte abstention dans la région, une élection partielle comme solution fragmentaire du problème. De son côté, Djaballah a soutenu que la constitutionnalisation de tamazight, reste, pour lui, une priorité pour une sortie de crise dans la région à condition que celle-ci soit écrite en arabe. En définitive, la sortie du FFS et du RCD de la course aux législatives a provoqué un véritable problème pour les autres partis qui revendiquent ou qui réprouvent l'action protestataire de la population kabyle, obligeant certaines formations à contourner la région pour éviter la vindicte ou à corriger leurs discours afin de ne pas perdre de voix.