Le nombre de meetings déjà animés s'élevait à 1600, soit une moyenne de 31 par wilaya. «L'état d'urgence est, certes, en débat, mais n'est pas à l'ordre du jour», a confié, hier, M.Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, devant un parterre de journalistes, à l'hôtel El-Aurassi. Le ministre répondait surtout à une question relative à la proposition formulée durant la campagne électorale par les leaders du FLN et du RND. Il reconnaît, tout de même, que le décret du Président Boudiaf du 9 février 1992 sur la question était toujours en débat, mais que la situation actuelle ne permet pas de lever, même partiellement, l'état d'urgence. Le ministre a voulu surtout faire le point sur les préparatifs du scrutin devant la presse nationale et internationale. Sur ce point, il a tenu à rassurer qu'il n'y avait pas «à s'inquiéter quant à la participation» pour le renouvellement de l'Assemblée populaire nationale (APN). L'estimation de M.Nouredine Yazid Zerhouni sur le taux de participation repose, a-t-il précisé, sur un certain nombre de «constats» et d'«indicateurs» relevés lors de la précampagne et la campagne électorales. Le ministre n'a pas voulu apporter de crédit aux sondages qui sont faits ici et là et qui donnent parfois la victoire aux islamistes et parfois une majorité FLN. Le ministre a essayé de coller à la réalité en avançant le chiffre de 17.981.042 électeurs dont 834.006 issus de la communauté nationale à l'étranger qui sont inscrits sur le fichier électoral, récemment mis à jour à la faveur de la révision exceptionnelle des listes. Il a remarqué que dans certaines wilayas, on assiste à une plus forte participation et que, contrairement à ce qu'on a pu noter, la campagne électorale n'est pas plus morose que celles des précédentes consultations. Le ministre argumente en donnant le chiffre des meetings organisés au soir du lundi 20 mai. A ce propos, il précise que le nombre de meetings déjà animés s'élevait à 1600, soit une moyenne de 31 par wilaya. 350.000 citoyens y ont participé, ce qui, «à mi-chemin de la campagne», semble, à ses yeux, «important». Interrogé sur la participation en Kabylie à la lumière des appels au boycott, le ministre imperturbable atteste: «S'il n'y a pas de violence et d'empêchement par la force des opérations de vote, la participation, j'en suis convaincu, sera acceptable.» Le ministre en veut pour preuve deux éléments: le nombre de listes et les sollicitations émanant de la population pour assurer la sécurité le jour du vote. Onze listes dont trois indépendantes sont en compétition à Béjaïa et douze dont une indépendante à Tizi Ouzou. Cela représente «plus que la moyenne nationale», souligne M.Zerhouni. Pour ce qui est des candidats de la Kabylie qui se sont retirés, le ministre répond que, pour le moment, il n'a pas reçu de demande de retrait comme c'est de coutume. Interrogé sur la fraude électorale, M.Zerhouni persiste et signe que, sur ce plan, des garanties maximales ont été réunies par l'administration pour assurer un déroulement «transparent» et «régulier» des législatives. Parmi les mesures arrêtées à cette fin, le ministre a insisté sur l'élaboration d'un procès-verbal dans chaque bureau de vote et sa signature par les représentants des partis qui en recevront une copie dès la fin du dépouillement. Il a également rappelé que les commissions de contrôle seront composées de représentants des partis et des candidats indépendants qui participent à l'élection, l'administration n'y sera pas présente. Il a ajouté sur un ton ferme: «S'il y a fraude, ce sera le fait des partis.»