«Quels que soient les cas de fraude relevés au niveau de ces bureaux, ils restent significatifs», a-t-il affirmé à propos de plusieurs dépassements relevés jeudi dernier. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, compte riposter aux attaques ayant ciblé les urnes. «Des poursuites judiciaires seront engagées contre les personnes qui ont provoqué des incidents visant à perturber le processus électoral», a-t-il clairement martelé lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, à l'hôtel Aurassi d'Alger où il a annoncé les résultats préliminaires. En réponse aux questions de la presse sur les incidents signalés à Bouira et dans deux communes à Tizi Ouzou, le patron de l'Intérieur a été plus explicite:«Nous connaissons les auteurs et les responsables qui ont provoqué ces troubles.» Sans donner de détails nominatifs, le ministre a fait directement allusion aux partisans du boycott, à savoir le RCD et le FFS. Prenant le cas de Bouira, le ministre reconnaît: «Nous avons eu des tentatives de saccages et de menace contre les électeurs.» Qualifiant ces actions de «surenchère», M.Zerhouni explique qu'«elles tentaient d'interdire aux citoyens d'effectuer leur devoir civique». Hormis les deux bureaux de vote fermés, Zerhouni assure que tous les autres bureaux ont poursuivi l'opération de vote durant l'après-midi. Ferme et même déterminé, M.Zerhouni refuse de lâcher prise et promet d'aller jusqu'au bout. «La loi existe et le Code pénal est clair, nous allons appliquer la loi», a-t-il clamé devant un parterre de journalistes de la presse nationale et étrangère. Autrement dit, les auteurs de ces incidents seront traduits devant la justice. Concernant le cas du RCD et l'affiche du drapeau noir sur le siège du parti, le conférencier a été très bref: «La justice a été déjà saisie». Quant aux attentats terroristes signalés le jour du scrutin, M.Zerhouni s'est réjoui du fait que ces attentats n'ont fait qu'un seul mort. Avançant un bilan détaillé, le ministre a fait état de l'explosion de deux bombes artisanales dont l'une à Tébessa faisant en tout trois blessés parmi les éléments de la sécurité. Comme il a cité, dans ce sens, l'attentat de Naciria et de Aïn El Hammam. Le ministre a indiqué que d'autres tentatives ont été déjouées par les éléments de la sécurité durant ce jour de scrutin. Questionné, par ailleurs au sujet de la fraude et les dépassements relevés au niveau de certains bureaux de vote, le ministre n'a pas été secoué. «Quels que soient les cas de fraude relevés au niveau de ces bureaux, ils restent significatifs», a-t-il soutenu en écartant complètement le bourrage des urnes. «Si les candidats qui crient à la fraude ont des preuves concrètes, souligne-t-il, ils n'ont qu'à introduire des recours auprès du Conseil constitutionnel.» M.Zerhouni a vivement défendu le taux de participation réalisé avant-hier en l'expliquant par l'attachement du peuple au candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika. Le ministre de l'Intérieur est allé loin jusqu'à faire une comparaison entre la situation du pays après l'Indépendance et celle d'aujourd'hui. A propos du coût de l'opération électorale pour le scrutin présidentiel, M.Zerhouni a précisé qu'il varie entre 5 et 6 milliards de dinars. «Cette élection n'a pas coûté plus que les élections précédentes qui se sont déroulées au cours des dernières années», a-t-il assuré. M.Zerhouni a saisi par là l'occasion pour rebondir sur l'aide accordée aux candidats qu'il juge «conséquente, suffisante et identique». Outre l'assurance d'un accès équitable aux différents médias lourds (TV-radios), les candidats ont bénéficié d'un accès gratuit aux salles réquisitionnées pour les meetings et que chaque candidat a été accompagné d'une équipe de techniciens TV pour la couverture audiovisuelle de sa campagne électorale, dotée de moyens similaires. Les aides de l'Etat ont également consisté en l'octroi de 6 billets d'avion gratuits à chaque candidat pour son déplacement à l'intérieur du pays, a-t-il ajouté. Le ministre de l'Intérieur a voulu par là répondre définitivement aux allégations faites par les participants au scrutin présidentiel.