«Il est clair que nous tirerons tous les enseignements des actions précédentes pour garantir aux nouveaux programmes les meilleures conditions», a déclaré le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. On la croyait morte et enterrée. Eh bien, non! la formule location-vente qui est une initiative du président de la République et confiée depuis 2001 à l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (Aadl), revient avec de nouveaux programmes, après ceux de 2001 et 2002. Ainsi en a décidé le Président Bouteflika la semaine dernière. Bonne nouvelle donc pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'être de la première vague des bénéficiaires, et beaucoup de travail en perspective pour les responsables du secteur dans leur mission de «réanimer» la formule location-vente version Aadl. Le premier programme «nouvelle version» sera très certainement lancé dès la livraison du dernier logement des programmes 2001 et 2002. C'est le temps qu'il faut aussi pour une bonne préparation de la relance. Pour en savoir plus, nous avons contacté le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M.Noureddine Moussa, qui a bien voulu nous en dire un peu plus... Alors que tout le monde avait déduit que la formule, après avoir buté sur de sérieux problèmes de réalisation lors des premiers 55.000 logements compris dans deux programmes (2001 et 2002), n'était pas près de revenir. D'autant qu'un troisième programme de 65.000 logements lui a été retiré au profit de la Cnep-Banque échaudée par des échéances préalablement annoncées et difficiles à respecter, qui a préféré désigner ce troisième programme de manière plutôt imprécise, «programme futur». Ce qui avait pour effet malheureusement de refroidir l'enthousiasme des citoyens et l'espoir suscité auprès d'eux par la formule, lors de son premier lancement et d'installer le doute et le pessimisme. Surtout que six années après, la Cnep-Banque traîne encore les pieds et se confine dans une prudence excessive qui a pour effet d'ajouter une couche à la déception ambiante. Une formule viable D'abord par son refus d'assiettes jugées non conformes. Ensuite par l'instauration du taux d'intérêt à 1% qui, malgré sa faiblesse, marque malgré tout une différence à l'effet négatif par rapport au taux zéro appliqué par l'Aadl pour ses deux projets initiaux. Enfin, par l'absence de clarté sur les nouveaux critères qu'elle compte appliquer aux dossiers que lui a transmis l'Aadl et qu'elle n'a pu satisfaire. Il fut notamment question d'accorder la priorité aux détenteurs de livrets de Caisse d'épargne alors que ce critère n'avait pas prévalu lors des deux programmes pilotés par l'Aadl. Autant de frustrations et de déceptions aggravées par un déficit en communication certain, qui ont largement contribué à considérer la location-vente comme une formule qui avait vécu. Les retards enregistrés par l'Aadl dans la réalisation de ses programmes ont accentué cette impression. Des retards dus à des difficultés, justifiés par la nature particulière du sol de certains sites, apparues seulement au lancement des travaux. Dus aussi à divers aléas comme les ruptures de stocks de certains matériaux ou à la défaillance imprévue de certaines entreprises. Tout cela a eu pour effet de rallonger la durée de réalisation des 55.000 logements prévue pour 18 mois, en une durée indéterminée. Une durée, dans certains cas, et 7 années après n'est toujours pas bien définie. Si l'on y ajoute les problèmes de recouvrement apparus après la livraison des logements aux acquéreurs, l'échec paraît bel et bien consommé. Comme on le voit, rien ne laissait présager, avant la décision du Chef de l'Etat, la semaine dernière, que la formule version Aadl pouvait être relancée avec de nouveaux programmes. La surprise est de taille. En réalité, la formule est viable. A la condition toutefois de dresser certaines balises. Elle est encore plus viable que la formule LSP qui a montré ses limites et qui a été, par endroits, pervertie par des intervenants comme les promoteurs privés ou même les APC. «Il est clair que nous tirerons tous les enseignements des programmes précédents pour garantir aux nouveaux programmes que vient de décider le Chef de l'Etat les meilleures conditions. Il est totalement exclu pour nous de retomber dans les difficultés rencontrées au cours des anciens programmes. La location-vente est naturellement idéale pour la classe moyenne de la société. Il s'agit pour nous, aujourd'hui, de l'entourer de dispositions à même de la rendre pérenne», tient à nous préciser M.Noureddine Moussa. Il y a les bons et moins bons enseignements. Commençons par les moins bons. Le recouvrement par exemple. Il s'avère que les banques privées ont moins de problèmes de ce côté-là dans les crédits à la consommation qu'ils accordent notamment pour l'achat des véhicules. Pourquoi? Probablement, pour des considérations psychosociologiques. La connotation péjorative du «Beylik» auprès de la population qui résiste au temps, par opposition aux intérêts du privé qui s'entoure de multiples garanties et donc inspire plus la crainte de la saisie de biens. L'idée probable sera une intervention mixte. Le prêt pourrait être accordé par les banques privées dont les taux d'intérêt seraient pris en charge par l'Etat. Vient ensuite la spéculation. Sous-locations sous forme de «gardiennages», ventes déguisées sous la forme de «désistements», etc. Précisément et dans ce sens, «la récente décision du chef de l'Etat de libérer l'achat par anticipation des logements en location-vente nous oblige doublement», poursuit M.Nourredine Moussa. Il est question de dispositions législatives renforcées notamment en direction du notariat. Quant aux intermédiaires que sont les agences immobilières, les derniers textes réglementant la profession réduisent les transgressions constatées jusque-là. Il y a également la gestion immobilière qui, jusque-là, a posé problème. Les rapports du séminaire international organisé par le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme seront mis à profit pour la mise en place de structures aptes à prendre en charge tous les problèmes liés à la vie en commun dans les cités et cela avec la participation effective des acquéreurs. Il y a également l'épineux problème des locaux, dont la destination déterminera le devenir de ces mêmes cités. Il est aisé d'entrevoir la différence entre un usage limité aux services et autres professions libérales et celui plus «dévastateur» des fast-foods et autres brochettes. Enfin, il faut tout de même signaler que toutes les cités gagneraient à être systématiquement clôturées au lieu d'être ouvertes à tout vent et à toutes les nuisances, comme elles le sont aujourd'hui. Du pain sur la planche Pour les bons enseignements, il y a cette expérience acquise par bon nombre d'entreprises qui ont «fait leurs armes» dans les premiers programmes et qui sont donc maintenant plus aguerries. Il y a également les problèmes de ruptures de stocks réglés depuis par cette régulation plus suivie par l'Etat, de la disponibilité des matériaux et de l'instauration quasi obligatoire faite aux entrepreneurs de se doter de la quantité nécessaire dès l'installation du chantier. Ce qui évite de plus le sempiternel problème de la réactualisation des prix. On peut y ajouter l'apport en qualification qui résulte de la politique de développement de la formation professionnelle entreprise depuis quelques années. Comme on peut le constater, le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme et l'Aadl ont du pain sur la planche pour relever le défi de reprendre la formule «de tous les espoirs» (comme on la désignait en 2001) en la débarrassant de tout ce qui a pu l'entraver jusque-là.