Comme un cheveu sur la soupe, la crise du système boursier mondial est venue troubler l'historique envolée des prix de l'or noir. A première vue, le lien entre la crise financière et la chute brutale des prix du pétrole n'est pas aussi évident à établir. Cependant, et à partir du moment où l'on a fini par admettre que derrière ce phénomène, se cache une récession de l'économie mondiale, la démonstration de cette thèse devient plus facile et plus convaincante. L'économie de la planète, dont les Etats-Unis sont la locomotive, a entraîné, de façon durable, selon de nombreux observateurs, les pays industrialisés dans une crise qui a sérieusement altéré la demande en consommation d'hydrocarbures. Et pour la première fois, depuis longtemps, l'on est revenu à la problématique des fondamentaux, cette fameuse histoire d'équilibre entre l'offre et la demande longtemps privilégiée par les pays consommateurs lorsque le prix du baril de pétrole battait record après record, l'argument a été abandonné quand les marchés pétroliers ont, eux aussi, commencé à s'écrouler. Il est donc devenu de notoriété publique que la crise financière, qui a ébranlé toutes les places boursières de la planète, n'a pas non plus épargné les marchés pétroliers. Une sorte de dommage collatéral. Tel un ouragan, la crise financière a mis fin à l'inexorable ascension des prix du pétrole qui grimpaient de sommet en sommet. Le pic a été atteint en juillet dernier. Le prix du baril de l'or noir venait de passer le cap des 147 dollars et s'apprêtait, du même coup, à franchir la barre des 150 dollars. Un premier avertissement a été émis lorsqu'au début du mois de septembre, l'or noir est repassé sous le seuil des 110 dollars. On était, cependant, encore loin de l'hécatombe. Cela n'a cependant pas tardé, puisqu'en l'espace de moins de trois mois, le prix du baril a perdu pas moins de la moitié de sa valeur, faisant une courte incursion sous la barre des 70 dollars. Les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole décident alors de réagir. Pas plus loin que samedi, le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, président en exercice de l'Opep, annonçait qu'«il y aura une baisse de la production et elle sera importante». L'Opep a décidé de réagir à la brutale chute des prix de l'or noir. Elle a avancé sa réunion extraordinaire de trois semaines. Elle se tiendra dans 48 heures (vendredi 24 octobre) à Vienne, en Autriche. Les déclarations de Chakib Khelil semblent toutefois avoir redonné plus de vigueur au prix du pétrole. Après avoir ouvert, hier, à la hausse en Asie où le prix du baril de «Light Sweet Crude» avait coté 75,61 dollars, il s'est retrouvé en léger repli à Londres où il valait 73,96 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord s'échangeait, quant à lui, à 71,53 dollars. En prévision de la réunion extraordinaire de l'Opep, Téhéran, un des «faucons» du cartel, annonce que l'Organisation devrait réduire sa production de 2 à 2,5 millions de barils par jour. Gholam Hossein Nozari, ministre iranien du Pétrole, a déclaré: «Compte tenu de la baisse de 8 à 10% de la demande et l'état des stocks de pétrole, je pense qu'une baisse de l'offre de 2 à 2,5 millions de barils par jour peut stabiliser le marché.» Son homologue qatari, qui se trouvait sur le sol iranien, a estimé, pour sa part, que «le meilleur prix» pour le baril de l'or noir se situait dans une fourchette comprise entre 80 et 90 dollars. Avec un dollar fort, Chakib Khelil serait preneur. Pour le moment, tout le monde retient son souffle en attendant la réunion du 24 octobre.