Le spectre de la récession économique se précise de plus en plus avec la chute des principales places boursières et l'agitation du marché des changes. C'est dans ce contexte que se tiendra demain à Vienne la réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour décider d'une baisse de l'offre. L'OPEP tentera donc, à travers cette mesure, d'empêcher un effondrement des cours jusqu'à 50 dollars et de ramener le marché à l'équilibre. En dépit de cette annonce, le marché du pétrole continuait hier à subir les conséquences de la crise financière mondiale. En effet, les cours du brut poursuivaient leur repli. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en décembre s'échangeait en baisse de 2,29 dollars à 68,88 dollars en milieu de matinée. A New York, le baril de «light sweet crude» pour livraison en décembre cédait 2,74 dollars à 69,44 dollars à la même heure. Les cours avaient pourtant rebondi de 4 dollars sur les deux dernières séances, le marché anticipant une réduction significative de la production de l'OPEP. Mais ils ont abandonné une partie de leurs gains en raison d'inquiétudes liées à un ralentissement de la demande mondiale. Pour rétablir l'équilibre sur le marché pétrolier, l'OPEP compte beaucoup sur la coopération avec les pays non affiliés à l'OPEP. Ses représentants l'ont souligné à maintes reprises. Après le souhait émis lundi dernier par le président de l'OPEP, M. Chakib Khelil, pour la participation des pays non-OPEP à la baisse de la production de pétrole, c'était au tour du secrétaire général de l'organisation, M. Abdallah Salem El Badri, de demander la coopération des pays non-OPEP lors de sa visite mardi dernier à Moscou. L'appel des représentants de l'OPEP a eu un bon écho puisque le président russe, Dmitri Medvedev, a affiché sa volonté de coopérer dans ce cadre. Pour Medvedev, la coopération avec l'OPEP est un des facteurs «clés» pour la Russie dans le domaine de l'énergie. «La coopération avec l'OPEP pour nos institutions travaillant dans le domaine de l'énergie et pour la politique dans le domaine de l'énergie en général est un des facteurs clés», a-t-il déclaré lors de sa rencontre avec le SG de l'OPEP «La raison est absolument évidente : la Russie est aussi un important producteur et exportateur de pétrole et elle souhaite le maintien des prix du pétrole stables et prévisibles», a ajouté le président russe, cité par les agences de presse. Pour rappel, la réunion de l'OPEP à Vienne avait été fixée au 18 novembre. Mais, en raison de la baisse continue des prix du pétrole, l'OPEP a décidé de l'avancer de plus de trois semaines. L'annonce par l'OPEP de revoir sa production à la baisse a même suscité des critiques de part et d'autre. Vendredi dernier, le Premier Ministre britannique, M. Gordon Brown, avait jugé «absolument scandaleux que l'OPEP envisage de se réunir dans les prochains jours pour réduire sa production afin de faire remonter les prix». «Nous allons certainement tenter d'empêcher cela», avait-il ajouté. D'ailleurs, le président de l'OPEP n'a pas hésité à évoquer ces pressions. Le SG de l'OPEP est également revenu sur ces pressions lors de sa visite à Moscou. M. Badri a estimé que les membres de l'OPEP n'avaient pas la responsabilité de maintenir un haut niveau de production -et des prix du pétrole bas- pour réduire les conséquences en Occident de la crise financière mondiale. «Nous sommes des pays pauvres et […] Nous n'avons pas les capacités d'effacer la crise financière créée par M. Brown et d'autres aux Etats-Unis», a déclaré M. Badri à la presse. «Si M. Brown s'inquiète véritablement pour ses citoyens et son peuple, comme il l'affirme, il devrait se pencher sérieusement sur les impôts qu'il leur inflige», a-t-il ajouté, mettant en avant que les taxes représentaient 55% des coûts du carburant britannique. Pour ce qui est de la rencontre de demain, on s'attend d'ores et déjà à une baisse importante de la production, comme l'a souligné Chakib Khelil. Selon les bservateurs, une baisse entre 1 et 2 millions de barils par jour s'impose pour empêcher une autre baisse des cours qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur en trois mois, chutant de 147,25 dollars en juillet à moins de 70 dollars actuellement