Dans une lettre adressée aux militants, des sénateurs et des députés ont accusé l'actuel président de dépassement et de corruption. Rien ne va plus au sein du MSP. Le parti islamiste risque de plonger de nouveau dans un tourbillon de turbulences. Le conflit opposant la direction de Bouguerra Soltani à l'aile de Abdelmadjid Menasra, reprend de plus belle. Cette fois-ci, les rangs des contestataires s'élargissent au niveau de la base. Des membres fondateurs du parti demandent ouvertement le départ du patron du MSP. Dans une lettre adressée aux militants, des sénateurs et des députés ont accusé l'actuel président de dépassement et de corruption. Ce sont, pour la plupart, des anciens membres du bureau exécutif. Parmi eux, on citera le président du groupe parlementaire du MSP au niveau du Sénat, Tahar Zichi, et Mustapha Belmahdi, un proche du défunt Nahnah. Ils reprochent à M. Soltani d'avoir détourné le parti de sa ligne politique fondée par le défunt cheikh Nahnah. Nul n'ignore, en effet, la crise qu'a traversée le parti durant les mois précédents. Cette crise a failli diviser le parti. Malgré la tenue du congrès extraordinaire, en avril dernier, et la victoire de Bouguerra Soltani, la crise n'a pas encore pris fin. Le retour en force de l'aile de M.Menasra va sans doute inquiéter la direction. Surtout que ce courant tombe à point nommé avec la tenue du conseil consultatif. Prévue pour le 29 du mois en cours, la réunion promet d'être chaude. Le président Soltani sera appelé à faire face à un front consistant. Ses opposants ne vont pas lâcher prise cette fois-ci. «Le président a échoué dans la gestion du parti et dans la sauvegarde de ses militants en adoptant une politique d'exclusion de tous les militants qui s'opposent à sa démarche», a déclaré Mansour Abdelaziz, député à l'Assemblée nationale et chef de file du mouvement de redressement. Rencontré jeudi dernier, en marge de la séance de vote du projet de loi, ce député précise qu'une large partie de la base se dit contre la direction. A la question de savoir s'ils participeront à la réunion du conseil consultatif, notre interlocuteur n'a pas écarté cette éventualité: «Nous voulons bien être présents pour crever l'abcès», a-t-il répondu en affirmant que la direction n'a pas manifesté son attention vis-à-vis de l'aile opposante. S'exprimant récemment à L'Expression, le président du conseil consultatif, Abderahmane Saïdi, a souhaité la présence de tous les militants, qu'ils soient partisans ou opposants. Le conseil consultatif qui se tiendra à la fin de cette semaine va se dérouler sous haute tension. En plus des problèmes internes du parti, il sera question des grands sujets politiques. La révision de la Constitution et le soutien au troisième mandat sont au menu de la réunion. Le parti qui a évité de s'exprimer depuis longtemps sur ce sujet pour éviter tout éclatement, va se retrouver dans l'embarras. Connu pour les divergences qui le minent, le choix de la ligne politique du parti risque de constituer encore la pomme de discorde. La direction va-t-elle reporter son conseil ou choisira-t-elle de faire face à cette situation conflictuelle?