Face à la désagrégation accélérée du système financier mondial, la question de sa réforme est devenue un paramètre de travail. Les appels à une profonde réforme du système financier international se multiplient face à une crise financière et économique qui se mondialise rapidement, tandis que les marchés financiers, saisis par la panique, se préparaient à une nouvelle semaine noire. «Nous avons besoin d'une plus grande régulation financière pour assurer la stabilité financière», a lancé hier le Premier ministre chinois Wen Jiabao, à l'issue du sommet Asie-Europe qui a réuni à Pékin 43 pays des deux continents. «L'économie virtuelle doit être coordonnée avec l'économie réelle», a-t-il souligné en confirmant que la Chine prendrait «une part active» au grand sommet du G20 du 15 novembre à Washington. Les pays de l'Asem s'étaient formellement «engagés» vendredi à «entreprendre une réforme réelle et de fond des systèmes internationaux monétaire et financier». Les 27 pays de l'Union européenne (UE) et 16 pays d'Asie, qui représentent près de 60% du PIB mondial, ont également jugé que cette réforme passait par un rôle accru du Fonds monétaire international (FMI) «dans l'assistance aux pays sérieusement touchés par la crise, à la demande de ces derniers». Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a de son côté appelé vendredi à la mise sur pied d'une «nouvelle solidarité mondiale» pour que les pays pauvres ne fassent pas les frais de la crise financière et économique. «La crise actuelle va affecter tous les pays mais ceux qui en souffriront le plus seront probablement ceux qui en sont le moins responsables, les pays pauvres en développement», a affirmé Ban Ki-moon, à l'issue d'une réunion des chefs des principales agences de l'ONU, du FMI et de la Banque mondiale. «Nous appelons à une nouvelle solidarité mondiale pour faire face, tous ensemble, à la tempête qui se lève», a ajouté Ban Ki-moon qui participera au sommet de Washington qui réunira le grands pays industriels du G8 (Etats-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie), onze grands pays émergents et l'Union européenne. Car après les marchés boursiers, les banques et les grandes entreprises de divers secteurs, plusieurs pays du monde entier se retrouvent au bord de la faillite, dont certains qui affichaient encore récemment une belle santé. Brésil, Afrique du Sud, Argentine, Turquie, Serbie, Mexique ou Corée du Sud pourraient, selon les quotidiens américains Wall Street Journal et International Herald Tribune, devoir faire appel à une aide du FMI. Pakistan, Ukraine, Belarus et Hongrie sont déjà en discussion avec l'institution internationale, qui dispose de quelque 200 milliards de dollars, et pourraient requérir l'assistance de certaines grandes banques centrales. Avec un prêt de 2,1 milliards de dollars, l'Islande est devenue vendredi le premier pays occidental depuis 1976 à recourir à un emprunt auprès du FMI. «Même si certaines conditions politiques seront toujours attachées aux prêts du FMI, les conditions seront moins nombreuses et plus ciblées que par le passé», a assuré le directeur général de l'institution internationale Dominique Strauss-Kahn en évoquant le «choc financier le plus dangereux depuis les années 1930». Mais trois semaines avant le sommet de Washington, les mauvaises nouvelles économiques s'accumulent -tant pour les entreprises qu'au niveau macroéconomique- et la tempête n'en finit pas de souffler sur les marchés financiers. «De la peur à l'état pur», voilà ce qui inspire les marchés actuellement, analysait vendredi à New York Gina Martin, de Wachovia Securities. Les Bourses de Tokyo et Wall Street sont tombées vendredi à leur plus bas niveau depuis avril 2003. Celle de Paris à perdu 43% depuis le début de l'année. Rare marché ouvert hier, la Bourse de Riyadh en Arabie Saoudite cédait plus de 9% quelques minutes après le début des transactions à 08h00 GMT. «Si la chute des marchés actions a pour origine les craintes d'une récession internationale, alors la semaine prochaine sera très mauvaise». «Le calendrier économique est rempli d'indicateurs qui seront uniformément atroces», notait vendredi à New York Carl Weinberg, de High Frequency Economics. Le pétrole voyait ses prix continuer à déprimer, en route vers les 50 dollars le baril après un sommet à 147 dollars en juillet, malgré une réduction de production décidée vendredi par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les prix des matières premières s'effondrent et même l'or, traditionnelle valeur refuge, est retombé, vendredi, à son plus bas depuis septembre 2007. Sur le front bancaire, les autorités américaines ont annoncé, vendredi la fermeture d'Alpha Bank, 16e banque du pays à faire faillite depuis le début de l'année et, en Europe, la banque belge KBC a demandé une recapitalisation de 3,5 milliards d'euros de l'Etat belge, avant l'ouverture des marchés demain, selon la presse belge hier. La crise financière va durer au moins jusqu'à la fin 2009, a prévenu le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück dans un entretien à paraître aujourd'hui dans le quotidien Bild am Sonntag. «Le risque d'un effondrement est encore loin d'être passé. Il serait faux de lever l'alerte», a affirmé le ministre social-démocrate.