Les participants à un colloque international sur les politiques et stratégies de gestion des crises dans les pays du Maghreb ont estimé samedi à Kenitra que l'enjeu fondamental n'est pas seulement de trouver des solutions aux difficultés soulevées par la crise, mais plutôt de parvenir à traiter les facteurs qui sont à l'origine de ces crises, ce qui pose des questions plus larges liées au développement, à la gouvernance et à la responsabilité des acteurs. Les intervenants du Maroc, de Tunisie, d'Algérie, du Canada, de France et d'autres pays, ont, au cours de la séance plénière et lors des différents ateliers, formulé un certain nombre de questions et de propositions sur les origines et les conséquences de la crise financière mondiale, analysé les risques inhérents aux nouveaux produits financiers et aux limites du système financier et monétaire international, et traité des politiques pour gérer et circonscrire les effets de cette crise tant au niveau mondial, régional que local, de l'impact de la crise financière sur le futur de la performance économique et politique économique internationale et des caractéristiques et principes fondamentaux de la gouvernance économique régionale, internationale et d'entreprise. Lors de ce colloque, des intervenants ont souligné le besoin de trouver un système alternatif remettant en cause le rôle de l'Etat, des Banques centrales et des organisations financières et monétaires tant au niveau local, régional qu'international ainsi que des organismes de notation et de contrôle. Ils ont relevé, dans ce contexte, que la crise financière, qualifiée de crise des "subprimes" ou bien crise des crédits hypothécaires à risque, a mis fin à la prospérité de l'économie spéculative, caractérisée par une forte spéculation de la part des organisations financières et des fonds spéculatifs investis dans le secteur immobilier. D'autres participants ont souligné la nécessité de réévaluer le système économique, financier, monétaire et commercial international tout en cherchant un système de remplacement capable de maximiser la performance économique, dans le cadre de réformes radicales et globales basées sur les principes et les outils d'une nouvelle gouvernance internationale tant aux niveaux local, régional que mondial. Pour ces participants, Il ne s'agit pas seulement de comprendre les causes profondes de la crise financière actuelle et ses mécanismes de transmission, mais aussi de connaître ses effets actuels et/ou prévisionnels sur le développement des pays et de trouver les stratégies adéquates à mettre en œuvre. Les données présentées dans l'une des communications évoquent un montant colossal de transactions dans l'économie spéculative, de l'ordre de 990 mille milliards de dollars, dont la moitié s'est évaporée suite aux faillites des banques et des chutes boursières, entraînant ainsi les marchés financiers et le crédit mondialisé dans une tourmente sans précédent. L'injection rapide de centaines de milliards de dollars dans l'économie pour circonscrire la crise n'a pas pu gérer convenablement le manque de liquidité dans les banques américaines, européennes et asiatiques. Des pertes énormes se chiffrant en milliards de dollars sont enregistrées par ces dernières et des dizaines de milliers d'entreprises ont déclaré faillite et des milliers de travailleurs se sont retrouvés sans emploi. Pour eux, cette crise financière qui s'est transformée en crise économique internationale généralisée et profonde, continue de menacer l'état actuel et futur des économies de tous les pays et pose à nouveau plusieurs questions sur la nature et les limites du système libéral, sur ses différentes écoles et sur les coûts engendrés par ce système.