Tikjda dérangerait-il à ce point? Le 15 juillet 2005, l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum inaugurait le centre de préparation en altitude de Tikjda que le Comité olympique algérien avait édifié sur un site qui appartenait au Centre national des loisirs et du sport de Tkijda (Cnlst) et qui avait été presque entièrement dévasté par les terroristes lors de la décennie noire. Ce jour-là, le ministre avait reconnu le mérite de l'instance olympique qu'il avait encouragée à poursuivre ses efforts dans ce sens. Selon les journalistes qui étaient sur place, M.Guidoum «a insisté sur la disponibilité de son département à tisser un partenariat durable avec le Comité olympique algérien dans l'intérêt du sport et de l'athlète algérien.» Ils ont ajouté que le ministre «appelait les gens à travailler main dans la main pour hisser le sport à la place qui lui sied, et agir ensemble pour faire flotter le drapeau algérien au concert des nations.» La presse rapportait, entre autre, que «le site offre des commodités nécessaires pour la préparation scientifique moderne pour les sportifs algériens, et aura des conséquences positives sur l'amélioration du niveau de nos athlètes. En outre, et sur le plan économique, en plus de la création d'emplois durables pour son entretien et sa gestion, il constituera un attrait substantiel en devises grâce aux athlètes étrangers qui viendront s'y préparer, puisque celui-ci n'a rien à envier aux autres centres olympiques du pourtour méditerranéen à l'instar de Sestrières en Italie, Font-Romeu en France, Sierra Nevada en Espagne et Ifrane au Maroc.» Quatre ans plus tard, Tikjda est au centre d'une polémique qui ne dit pas son nom. On a l'impression, à travers tout ce qui se dit, que ce centre dérange. Pourtant, il ne s'agit que d'un espace réservé aux sportifs appelés à y programmer leur préparation en altitude avant une saison sportive. Il est vrai que l'endroit est, également, destiné au tourisme et aux amateurs de randonnées pédestres en haute montagne mais le COA assurait que jamais les athlètes ne gêneraient de telles activités. Au contraire, il encourageait les gens à venir goûter les plaisirs qu'offrait le site après que ce dernier fut interdit au public, des années durant, par les terroristes. C'est, d'ailleurs, l'instance olympique qui, en plus d'y envoyer des athlètes en stage, lui avait redonné vie notamment par ses opérations de reboisement au cours desquelles elle réussissait à faire effectuer le déplacement à des milliers d'enfants et à leurs familles. Aujourd'hui, le centre de Tikjda est soumis à de grosses critiques indiquant que la partie gérée par le COA est à l'abandon, notamment le fameux stade d'Aswil situé à 7 kilomètres des bâtiments d'hébergement. Ce stade est absolument unique en Algérie car c'est bien la première fois que l'on construit un stade à une si haute altitude. Il y a environ un an, le Comité exécutif du COA avait décidé de transférer tout ce qu'il possédait à ce niveau au ministère de la Jeunesse et des Sports. Lorsque des informations ont commencé à filtrer selon lesquelles le stade était à l'abandon, l'instance olympique l'a repris sous sa coupe et elle assure qu'il est de nouveau opérationnel. D'ailleurs, le 15 octobre dernier, les deux athlètes franco-algériens, Mehdi Baala et Bouabdallah Tahri, ont visité le site et ont estimé qu'il offrait, en même temps que le stade d'Aswil, toutes les commodités pour une bonne préparation en altitude. Tous les deux ont fait savoir qu'ils allaient être de retour en Algérie très bientôt pour venir se préparer à Tikjda. Voilà, donc, deux grands champions, qui peuvent se payer des stages dans n'importe quel endroit du monde avec ce qu'ils gagnent avec leur fédération et leurs sponsors, et qui choisissent un endroit en Algérie pour venir se préparer aux prochaines échéances parmi lesquelles figurent les Mondiaux d'athlétisme de 2009 qui auront lieu à Berlin. Il s'agit-là de deux personnes loin des remous de notre «tchakalala» typiquement algérienne, qu'on ne peut accuser d'avoir été manipulées pour on ne sait quel sombre dessein et qui ne viennent pas par simple envie de se faire voir. De la publicité, elles en bénéficient assez, notamment en France où elles passent pour être deux des stars de cette discipline. Il est certain que Tikjda n'est pas le top en la matière. Des manques, il y en a sûrement et ceux qui le stigmatisent devraient, plutôt, contribuer à aider à son amélioration. Tikjda n'est pas située dans un pays étranger. C'est un site bien de chez nous mis à la disposition des Algériens. Le Comité international olympique et la Fédération internationale d'athlétisme l'ont expertisé et lui ont donné le label de centre international de préparation en altitude. Par conséquent, au lieu de verser dans la diatribe, il y a matière à faire en sorte que ce centre gagne en notoriété. Et lorsque des athlètes comme Baala et Tahri décident de venir s'y entraîner, c'est un formidable outil de promotion qui lui est offert.Nous retiendrons, pour notre part, que l'aile dévastée par le terrorisme a été entièrement refaite par le COA et qu'un stade d'athlétisme a été construit sur les hauteurs du Djurdjura par l'instance olympique algérienne. Cette histoire n'est pas sans nous rappeler celle qui est arrivée, en 1992, au centre régional d'éducation physique et sportive du Caroubier, un centre que la ministre de l'époque, Mme Leïla Aslaoui, avait préféré céder au CR Belouizdad plutôt que de le laisser dans l'état d'abandon où il se trouvait. Avec peu de moyens, le président du Chabab de l'époque, feu Hamid Aït Igrine avait «nettoyé» le coin et l'avait rendu plus présentable. Nous reviennent alors les paroles de M.Guidoum qui «appelait les gens à travailler main dans la main pour hisser le sport à la place qui lui sied, et agir ensemble pour faire flotter le drapeau algérien au concert des nations». Ce message est d'actualité aujourd'hui, à un moment où le sport algérien a besoin de toutes ses forces pour se développer.