“Ne parlez pas au nom du président de la république en évoquant le projet d'amendement du code de la famille !” Telle a été la réplique de Abderezak Mokri, vice-président du mouvement de la société pour la paix (MSP) à Chérifa Aït Benamar, membre de la commission nationale d'amendement du code de la famille à l'occasion de l'émission Débats, animée, hier, par la radio chaîne III autour de la problématique de la révision du code de la famille. C'était précisément en expliquant que la commission de révision n'avait rien inventé dans ses recommandations mais qu'elle avait simplement travaillé “sous la tutelle du ministre de la justice et conformément aux recommandations du président de la république”, que Chérifa Aït Benamar avait reçu la précision du MSP. Convié au débat au même titre que Nadia Aït Zaï, juriste et responsable du collectif Maghreb-Egalité, Salhi Soumia, responsable du collectif femmes UGTA, Mokri, qui n'a pas cessé de monopoliser la parole tout au long de l'émission, n'a pas manqué de divulguer sur un ton affirmatif que “les propositions d'amendement du code de la famille n'ont pas le consentement du président de la république” avant de révéler des détails à ce sujet : “Le président de la république a reçu des échos concernant ces amendements de la part des oulémas, des zaouïas, des associations, des étudiants et des partis politiques. Et il est à leur écoute”. Cette déclaration du responsable d'un parti islamiste, membre de la coalition gouvernementale, censé soutenir les projets de l'Exécutif, va pourtant à contresens des propos tenus le même jour sur les ondes de la chaîne III par Tayeb Belaïz, le ministre de la justice, qui a indiqué qu'“il n'y a pas de recul sur le projet d'amendement du code de la famille, il sera programmé en temps opportun en conseil des ministres”. Qui dit vrai ? Qui dit faux ? Rien n'est clair pour le moment. La position de l'alliance présidentielle par rapport aux amendements du code de la famille a été, par ailleurs, rendue publique par l'intervenant. Mokri révélera l'hostilité du FLN à ce projet : “Il n'y a, dit-il, qu'un seul parti (le RND) qui soutient ces amendements. Le MSP et le FLN s'y opposent”. Abderezak Mokri n'a pas trouvé, en outre, d'arguments à présenter quand il est interrogé par l'animatrice de l'émission sur les motifs de son rejet de l'amendement du code de la famille. Il s'est contenté de dire à ce sujet que “dans la famille algérienne, il y a un chef, c'est le mari. C'est cela que veulent abolir ces amendements”. Ce qui n'a pas manqué de susciter de vives réactions chez les participantes. Me Nadia Aït Zaï a expliqué que “la famille n'est pas figée. Nous sommes passés de la famille élargie à la famille nucléaire, et la réalité algérienne fait que les familles sont dans 90% des cas supportées par les femmes qui sont les chefs de famille”. Pour Soumia Salhi, qui déplore que Mokri se soit basé sur la prééminence de l'homme sur la femme pour défendre le maintien du code de la famille, explique, quant à elle, qu'“on devrait plutôt se baser sur les principes d'égalité entre hommes et femmes et non pas sur cette prééminence entre les deux sexes pour défendre ses positions”. N. M.