Selon une source proche des milieux généralement bien informés, les modifications porteront uniquement sur l'article 74 alinéa 2 relatif à la limitation des mandats et la promotion du chef du gouvernement au poste de Premier ministre Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, procédera ce matin au siège de la Cour suprême à l'ouverture de l'année judiciaire 2008/2009. Très attendu, le discours politique qu'il prononcera devant les magistrats et les hauts cadres de la nation, apportera des éclairages dans le fonctionnement de l'institution présidentielle et à l'Exécutif. Le chef de l'Etat pourrait en surprendre plus d'un en mettant fin au suspense qui a tenu en haleine toute la classe politique. La tribune de la Cour suprême s'avère être le cadre idéal pour le premier magistrat du pays pour dévoiler le chantier de la révision de la Constitution. La déclaration faite il y a plus d'un mois par le chef du gouvernement annonçant que «la révision serait très, très proche» est arrivée à échéance. Le moment a donc sonné. Après un long silence, le locataire d'El- Mouradia va-t-il enfin rompre le silence? Pour rappel, le chef de l'Etat avait évoqué à deux reprises, en 1999 puis en 2006, son intention de réviser la Constitution. Tout le monde se souvient de sa déclaration en 1999 quand il avait martelé: «Cette Constitution ne m'arrange pas.» Jamais deux sans trois! Le président va aborder, pour la troisième fois, ce sujet mais cette fois- ci pour passer directement à l'acte. Ce n'est plus une rumeur ni de la spéculation. Le président va saisir l'occasion de l'inauguration de l'année judiciaire pour convoquer le Parlement, selon une source proche du tiers présidentiel. Le président du Sénat, deuxième personnalité politique, aurait été averti pour se préparer à cette mission. M.Abdelkader Bensalah se prépare, d'ores et déjà, à initier en matière procédurale le projet constitutionnel. La même source indique qu'il procédera, durant la première quinzaine du mois de novembre, à la réunion des deux chambres parlementaires. Un autre sénateur du parti majoritaire nous a confirmé ces informations: «Le Président va se prononcer demain (aujourd'hui ndlr) sur la révision de la Constitution», nous a-t-il confié. Au sein de la chambre haute, le mot d'ordre est apparemment lancé. L'atmosphère donne un avant-goût des changements attendus sur le plan politique. Dans les coulisses, c'est la mobilisation générale. Même si le dossier est géré en catimini, il n'en demeure pas moins que tous les indices sont là, prouvant que tout a été aménagé pour passer à cette importante étape. Pour preuve, les débats sur le projet de loi de finances 2009 ont été écourtés de deux jours. Alors que l'examen du projet durait auparavant au moins une semaine, le Sénat a dû restreindre son agenda pour adopter le projet. «Il n'y a eu même pas 45 intervenants pour une durée de sept minutes chacun», a remarqué un sénateur qui ajoute: «Ce n'est pas sérieux qu'on abrège les débats sur la loi.» Pourquoi? Le Sénat n'avait pas le choix. Vu l'importance de l'épreuve à venir, il a préféré «liquider» le projet pour se consacrer entièrement au chantier constitutionnel. Autre confirmation. La commission juridique au sein de l'APN a exhorté les députés à être omniprésents pendant la période allant du 4 au 13 novembre prochain. «La commission nous instruit d'être présents durant cette période», a révélé à L'Expression un député du parti majoritaire. La même consigne a été «décrétée» aux sénateurs. «Des instructions ont été données pour annuler tout déplacement avant le 20 novembre prochain», a déclaré le même sénateur. Selon lui, des parlementaires qui envisagent de se rendre à La Mecque ont été informés de prendre attache avec les services du Parlement. Les départs à La Mecque seront annulés pour des raisons de calendrier. Le FLN qui a mené une campagne tambour battant pour la révision de la Constitution, a réglé son horloge sur celle de la Présidence. La réunion des mouhafadhs, prévue pour le 4 novembre prochain, a été avancée de deux jours. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a préféré, quant à lui, réunir ses cadres le 2 novembre prochain pour baliser la voie à l'adoption du projet constitutionnel. Ainsi, il aura pour tâche de préparer la tenue du conseil national et du congrès extraordinaire pour annoncer la candidature du président de la République à l'élection présidentielle de 2009. Une chose est sûre: le contenu de la nouvelle Constitution sera entre les mains des parlementaires dans les tout prochains jours. Qu'apportera de nouveau cette Constitution? Une source proche du cercle présidentiel indique que les amendements introduits ne seraient pas aussi nombreux. «Si le Président a opté pour la voie parlementaire, c'est que les amendements ne touchent pas le caractère républicain garanti par la Constitution», a-t-il expliqué. Selon notre source, ces modifications porteront uniquement sur l'article 74 relatif à la limitation des mandats et la promotion du chef du gouvernement au poste de Premier ministre. Le poste de vice-président, proposé par le vieux parti, n'aurait finalement pas été retenu, selon nos sources.