C'est donc le grand soir! L'Amérique et avec elle le reste du monde sont suspendus au résultat de ce scrutin présidentiel hors normes. L'élection présidentielle aux USA arrive aujourd'hui à bon port. Le duo Obama-McCain dispute le dernier sprint. C'est un virage décisif. Quelque 130 millions d'Américains sont appelés à élire, en ce premier mardi de novembre, leur nouveau président. Le principe de cette élection consiste à élire de «grands électeurs» dans chaque Etat, qui, à leur tour, vont voter pour l'élection du futur président américain. Contrairement aux élections présidentielles précédentes, cette 44e échéance s'annonce particulière. Elle se veut distincte pour plusieurs raisons. L'interrogation aujourd'hui se porte non pas sur l'élection en elle-même, mais beaucoup plus sur le président qui sera élu. Le rendez-vous de ce 4 novembre sort de l'ordinaire. Cela n'est pas seulement sur le plan politique. Il se caractérise, en fait, par son enjeu «civilisationnel» qui consiste à élire, pour la première fois, un président américain d'une autre communauté que celle des «protestants anglo-saxons blancs». Ces fameux «Wasp». Le peuple américain osera-t-il placer un Noir à la Maison-Blanche? Toute la question est là! Un défi que Barack Obama est bien placé pour relever. Ça serait une rupture avec la tradition américaine selon laquelle le président américain doit être issu de la communauté blanche anglo-saxonne. De George Washington à George W.Bush, aucun président, excepté John Fitzgerald Kennedy, n'a été élu hors de cette frange de descendants des colons anglais. Aussi, l'éventuelle élection de Barack Obama serait le signe qu'un grand changement a eu lieu dans les mentalités du peuple américain. Donc, cet aspect du scrutin, (la couleur des candidats), ne peut être marginalisé ni ignoré. D'autant qu'il pourrait être d'un grand apport dans le résultat final. Outre cet aspect lié à la couleur des candidats, un autre point mérite quand même d'être pris en compte. Il est relatif à la politique qu'envisage de mener le futur président. Le candidat démocrate a axé sa campagne électorale sur le changement. Cela tant sur le plan interne qu'international. Sur le plan de la politique intérieure, le candidat démocrate, sans vouloir révolutionner les choses, n'en a pas moins l'intention de revoir certains aspects touchant au fonctionnement des institutions fédérales. De fait, en évoquant, parmi ses priorités, la possibilité de «redistribution» des richesses nationales, tout en promettant de revoir le système de santé, celui des assurances et les retraites, Obama a mis le doigt sur les plaies, suscitant une levée de boucliers dans les rangs républicains. «Redistribuer» les richesses! Voilà des mots qui font peur outre-Atlantique. Quant à ce qui relève de la politique étrangère, il ne faut pas s'attendre à une grande différence entre le démocrate et le républicain, dans la mesure où si constante il y a aux USA, c'est bien celle ayant trait à la politique étrangère. Toutefois, Obama a quelques idées, concernant notamment la guerre en Irak et comment sortir de ce guêpier. D'ailleurs, il préconise un retrait rapide et par étapes du contingent américain stationné en Irak. Sans doute, dans les deux années à venir. A contrario, il partage l'opinion de son concurrent républicain quant à la nécessité de renforcer la présence américaine en Afghanistan. Au plan international, Barack Obama est beaucoup plus ouvert que ne l'a été le président Bush ou le candidat républicain et reste prêt à écouter les partenaires des Etats-Unis, ce que le président sortant a peu fait. Pour ce qui est du dossier israélo-palestinien, sans doute qu'il ne faut pas trop se faire d'illusion ou nourrir de faux espoirs avec la venue d'Obama à la tête de la Fédération. De son côté, le candidat républicain, John McCain, quoiqu'il s'en défend, ne fera qu'appliquer, avec certes quelques nuances, la politique de Bush qui a fait tant de mal à la réputation des Etats-Unis. Pour ce qui est de l'Irak, McCain, sans surprise, préconise le maintien, voire le renforcement, du contingent américain dans ce pays, cela pour une période indéterminée qui pourrait durer quelques années encore. Il plaide, également, pour le renforcement de la présence américaine en Afghanistan. Après six mois de campagne électorale sans merci, où les candidats ont joué leur va-tout, le dernier mot revient évidemment au peuple américain qui aura, aujourd'hui, à désigner son 44e président. Les sondages donnaient, hier encore, l'avantage au candidat démocrate, mais ses partisans croisent les doigts, craignant un possible «effet Bradley».