Pour la première fois dans ce pays, une réforme constitutionnelle est engagée par référendum. Ils sont plus de trois millions et demi de Tunisiens inscrits à se rendre aujourd'hui aux urnes. Il s'agira, pour eux, de se prononcer par référendum, une première en Tunisie, sur un projet de réforme de la Constitution de ce pays qui compte désormais près de 10 millions d'habitants. Cette réforme constitutionnelle a pour objet la modification de près de la moitié des articles de la Constitution tunisienne et porte notamment sur le renouvellement, illimité, des candidatures à la présidence de la République (l'actuelle Constitution prévoit seulement trois mandats au maximum). Elle augmente aussi, de 70 à 75 ans, l'âge limite pour postuler à la fonction de chef de l'Etat. Et, il va de soi, que si le oui l'emportait dans ce référendum dans lequel les électeurs ont à répondre par oui ou par non à la question: «Etes-vous d'accord sur le projet de la loi constitutionnelle relative à l'amendement de certaines dispositions de la constitution, adoptées par la Chambre des députés lors de sa séance plénière du 2 avril 2002 et publiées au Journal officiel de la République tunisienne», cela pourrait permettre à l'actuel président Zine El-Abidine Ben Ali, 65 ans, qui achèvera en 2004 son troisième et en principe dernier mandat, selon l'actuelle Constitution, d'en briguer un quatrième. Cela dit, il faut mentionner que ce projet de nouvelle Constitution prévoit également une élection présidentielle à deux tours, la mise en place d'une Chambre des conseillers aux côtés de la Chambre des députés et un élargissement des attributions du Conseil constitutionnel. Critiqué par une partie de l'opposition qui n'a vu dans le nouveau texte de Constitution qu'un moyen permettant au président tunisien de contourner ce qu'elle appelle «l'interdit constitutionnel» pour qu'il puisse se représenter, mais soutenu par une autre partie, ce projet de réforme constitutionnelle est destiné, de l'avis des membres du gouvernement et autres représentants du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD au pouvoir avec 148 sièges sur 182 à la Chambre des députés) qui ont sillonné le pays durant la campagne électorale de sensibilisation des citoyens, à «jeter les bases de la République de demain» c'est-à-dire la Tunisie du XXIe siècle. D'ailleurs, d'ores et déjà, ce pays, qui semble bénéficier d'une bonne appréciation de la part de la communauté internationale pour ses transitions en douceur, ses niveaux de croissance économique (avec un taux de 5,8% en 2000), ou pour l'amélioration sensible des conditions de vie des habitants, en dépit des ressources naturelles modestes (ni pétrole ni gaz), est présenté comme un modèle de réussite pour les pays en développement surtout avec l'essor de son tourisme qui lui rapporte pas moins de 4 milliards de dollars par an. En tout cas, le président Ben Ali, qui ne ménage pas ses actions pour moderniser son pays et le faire évoluer pacifiquement, avec des initiatives internes soutenues et des efforts externes appropriés pour édifier, face à la rive Nord de la Méditerranée, un ensemble maghrébin solide et cohérent, n'a pas manqué de faire prévaloir, dès le début de la campagne de sensibilisation, que cette réforme allait permettre de conforter «l'ensemble des valeurs de référence du système républicain» et notamment «les droits de l'Homme et la solidarité». D'où, l'intérêt des observateurs et autres analystes de la scène politique tunisienne pour ce scrutin, dont les retombées sur l'évolution de ce pays ne manqueront sûrement pas d'être présentes.