A une écrasante majorité, les Tunisiens ont adopté, par référendum, les amendements de la Constitution. Appelés à se prononcer par référendum -le premier organisé en Tunisie depuis l'indépendance - sur la réforme de la Constitution, dont la moitié des articles a été amendée, les Tunisiens ont, à une écrasante majorité, 99,52% des suffrages exprimés, approuvé les changements apportés à la loi fondamentale tunisienne. Ce référendum, auquel avaient pris part 93,33% du corps électoral, indique, nonobstant les oppositions relevées ici ou là, l'adhésion de la population tunisienne à la politique menée par le président Zine El-Abidine Ben Ali, si l'on considère que le point focal de la consultation pouvait consister en l'ouverture à la pluralité des mandats, notamment présidentiel, qui a le plus soulevé les réserves émises par l'opposition dite démocratique. De fait, la réforme de la loi fondamentale, approuvée par référendum, portait sur 50% des articles de la Constitution, jusqu'alors en vigueur, et devant apporter des correctifs permettant, entre autres, le renouvellement, à plusieurs reprises, des candidatures à la présidence de la République (contre trois actuellement), la création d'une Chambre des conseillers (Sénat), qui viendra compléter celle, existante, des députés et l'élargissement des attributions du Conseil constitutionnel. Ces nouvelles dispositions doivent, selon leurs promoteurs, consolider l'Etat de droit, tout en donnant aux institutions de l'Etat les moyens légaux de leurs charges. Proposée par le parti au pouvoir du président Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et appuyée par quatre partis de l'opposition parlementaire (un cinquième parti s'étant abstenu en ne prenant pas part à la campagne référendaire), la réforme en profondeur de la Constitution de 1956 doit, selon ses initiateurs, ouvrir une nouvelle ère qui donnera aux Tunisiens la possibilité d'être en phase avec le développement du pays. L'approbation massive des amendements portés à la loi fondamentale constitue dans les faits une sorte de plébiscite pour le président Zine El-Abidine Ben Ali lequel, lors de ses précédents mandats, a réussi, ce qui reste à son actif, à stabiliser l'économie tunisienne donnant au pays une prospérité réelle, par la réduction du chômage, le raffermissement de la monnaie nationale notamment. Quels que soient les griefs émis, par ailleurs, à l'encontre du pouvoir en place, il n'en demeure pas moins qu'en se rendant massivement aux urnes et en approuvant, à une écrasante majorité, la refonte proposée de la Constitution, les Tunisiens montrent la confiance qu'ils ont dans la direction du président Ben Ali et ses capacités de parfaire l'Etat de droit, et l'instauration de la démocratie, dont il a fait ses objectifs prioritaires. L'enjeu était, sans doute, celui-là: donner les moyens légaux et le temps (le président Ben Ali va briguer un quatrième mandat à la tête de la République) au pouvoir actuel de construire une Tunisie sociale ouverte sur la modernité, capable de se réaliser et, à travers ses nuances politiques, assurer la continuité de l'Etat et de la liberté pour tous. Le blanc-seing délivré par le peuple tunisien, au travers de l'approbation de la réforme de la Constitution, ouvre donc au président Ben Ali la voie à un nouveau challenge.