Entre Joe le plombier et Joe le musulman, il y a beaucoup de différences mais la bannière étoilée les unit. C'est aussi ça, l'Amérique. L'autre star de la campagne de la présidentielle américaine, en plus de McCain et Barack Obama, fut Joe Wurzelbacher, appelé par les médias US «Joe le plombier», un homme musclé au crâne complètement dégarni. Il a été mis au devant de la scène par John McCain, en déroute dans les sondages, pour montrer aux Américains le danger du programme de Barack Obama sur les taxes. Mais aux Etats-Unis, il n'y a pas que Joe le plombier, il y a aussi Joe le musulman. Qui est-il, que fait-il et que pense-t-il de son concitoyen? Aossy Joe est né à Cedar Rapids dans l'Etat de l'Iowa. Ses grands-parents, maternels et paternels sont originaires du Liban et de Syrie. Ils se sont établis à Cedar Rapids au milieu du XIXe siècle et ils ont largement contribué à la construction de l'une des premières mosquées aux Etats-Unis d'Amérique vers 1934. Diplômé à l'Université de l'Iowa durant les années 50 en mécanique, M.Aossy est un brillant ingénieur qui a à son actif plusieurs inventions dont une machine pour la cueillette des dattes et des pompes à diverses utilisations comme le pompage de l'eau dans les puits de pétrole, les barrages.... Joe Aossy se dit prêt à exporter sa technologie pour peu qu'il trouve un partenaire fiable en Algérie. Il est très introduit dans les milieux politiques de l'Iowa, au fait de la situation dans le monde arabe et surtout de la question palestinienne. «La première chose à exiger de la communauté internationale est de forcer Israël à fixer ses frontières pour espérer un règlement de cette question. Aujourd'hui, Israël est le seul Etat au monde qui fixe ses frontières suivant ses humeurs, sans que personne ne le rappelle à l'ordre.» M.Aossy précise qu'il a quitté le parti démocrate depuis quelques années pour rejoindre le parti des Verts. «Nous les hommes, nous commettons un désastre sur cette planète qu'il va falloir arrêter» explique-t-il mais ce n'est pas pour autant qu'il ne votera pas pour Obama. Si Joe le plombier a passé 6 minutes avec Barack Obama, Joe le musulman a passé quatre heures avec le vice- président Joe Biden. De quoi ont-ils parlé? «On a abordé plusieurs questions relatives à l'Islam et au monde musulman en général. Il veut comprendre le monde musulman. Il m'a dit qu'il a spécialement fait venir un professeur spécialiste en islamologie d'origine indienne pour qu'il lui explique tout ce qui est en relation avec cette religion». Et que pense Joe le musulman de son concitoyen Joe le plombier? «Je suis certain qu'il a été envoyé par les républicains pour faire leur propagande sur les taxes et montrer le danger du programme d'Obama, c'est en quelque sorte un espion mais c'est de bonne guerre». Que se sont dits Obama et Joe le plombier pendant leur six minutes de discussion qui ont propulsé ce citoyen anonyme dans le cercle des stars médiatiques? L'essentiel de cette discussion a porté sur le plan de la réforme fiscale proposé par le sénateur Obama dans son programme de campagne électorale. Dans cette réforme, le candidat démocrate prévoit une hausse des impôts pour ceux qui gagnent autour de 250.000 dollars par an et Joe le plombier en gagne beaucoup moins. Les experts disent que le plan de McCain est plus généreux pour les petites entreprises «Croyez-vous au rêve américain?» a demandé Wurzelbacher à Obama. «Oui, monsieur», a répondu Obama. Wurzelbacher a dit au candidat démocrate qu´il cherchait à acheter une entreprise, mais il craint de payer plus d'impôts au cas où le candidat Obama serait élu car son programme sur les taxes est très contraignant pour les petits business qui paieront plus d´impôts. «Ce n´est pas que je veux punir votre succès», a répondu Obama. «Je veux simplement faire en sorte que tout le monde qui est derrière vous, ait lui, une chance de succès. Mon attitude est que si l´économie est bonne pour les classes moyennes et évolue du bas vers le haut, c'est une bonne chose pour tout le monde... Je pense que lorsque vous répartissez autour de vous de la richesse, c´est bon pour tout le monde.» Cette dernière réponse a donné du grain à moudre au parti républicain et c'est exactement ce qu'il attendait et la mayonnaise a failli prendre Obama veut instaurer le «socialisme», ce vilain mot banni en Amérique. Les républicains ont essoré cette rencontre pour en tirer le maximum d'avantages politiques en changeant les termes du débat de campagne électorale: Obama n'est plus ce Noir aux origines arabe et musulmane «menaçantes pour l'Amérique» mais il est devenu un dangereux socialiste. Obama a conclu en disant à Wurzelbacher: «Même si je ne suis pas le candidat pour lequel vous voterez, je vais travailler pour vous.» Entre Joe le plombier et Joe le musulman, il y a beaucoup de différences mais la bannière étoilée les unit. C'est aussi ça, l'Amérique.