par Yacine.B L'invité surprise du dernier débat de la campagne présidentielle américaine, Joe le plombier, simple artisan de l'Ohio, est devenu célèbre après avoir contesté le plan fiscal de Barack Obama. L'homme qui compte donc, en ce moment, c'est Joe le plombier, made in USA.Tout en restant dans le même corps de métier, ce plombier de l'Ohio nous rappelle un autre, non moins célèbre, plombier. Il s'agit du plombier polonais qui avait trouvé sa place dans l'Histoire. Il avait été présenté comme la terreur de l'Europe de l'Ouest, en 2004, lors de l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne. Mais au-delà de la célébrité récente du plombier américain et celle révolue du plombier polonais, ce sont les ouvriers des chantiers navals polonais qui devraient avoir la primauté cette semaine. En effet, ils sont 10 000 ouvriers menacés par le chômage à cause des difficultés financières auxquelles sont confrontés les chantiers navals qui les emploient. La Pologne donne une grande importance au sort des chantiers navals de Gdansk, Gdynia et Szczecin. Leur valeur symbolique et historique est inestimable. Berceau du syndicat Solidarité dans les années 1980, c'est de là qu'était partie la rébellion qui a fait chuter le Mur de Berlin. Hélas, sur le plan purement économique, seul le site de Gdansk a réussi sa privatisation et se trouve à l'abri d'une faillite. Les deux autres survivent grâce aux aides de l'Etat ; or Bruxelles estime qu'elles ont été attribuées illégalement et doivent être remboursées. Au grand dam de la Pologne, l'aide financière octroyée par la Commission européenne pour les chantiers navals de Gda?sk, Gdynia et de Sczeczin est plus que jamais remise en question. Il n'y aura pas de clémence envers les chantiers navals polonais. Ils doivent rendre les aides publiques qu'ils ont reçues. Pour Nelly Kroes, la commissaire européenne à la Concurrence, cette décision est légitime et s'appuie sur le respect des règles strictes européennes. La proposition de Nelly Kroes, pour régler la situation, consiste à mettre en vente les biens des deux chantiers pour rembourser leurs dettes et, en fin de compte, liquider les deux sociétés. Cette rigueur de la commissaire européenne à la Concurrence sur le "respect des règles strictes européennes" aurait trouvé tout son sens si, parallèlement, l'Union européenne n'avait adopté un plan de près de 2 000 milliards d'euros qui prévoit, pour l'essentiel, la nationalisation des banques en difficulté. Les aides accordées aux chantiers navals polonais sont insignifiantes comparées au plan de sauvetage des banques. Mais il se trouve que l'argent circule plus facilement quand il s'agit de col blanc. Quant au bleu de travail, il faudrait peut-être repasser.