C'est une petite ville au cœur de l'Etat de l'Ohio qui porte le nom de la capitale algérienne mais qui n'a pas grand-chose à y voir. L'Ohio, Etat clé souvent indécis comme le sont les Algériens, avait déjà fait basculer le dernier scrutin présidentiel en faveur de George W. Bush, à 100 000 voix près, laissant John Kerry derrière à la surprise générale, les sondages l'ayant donné vainqueur. D'ailleurs, Obama ne s'y est pas trompé en s'y rendant pour son dernier discours de campagne, lançant cette phrase futuriste : « la question n'est plus de savoir si votre situation est meilleure qu'il y a quatre ans [date de la dernière élection présidentielle], mais celle de savoir si ce pays ira mieux dans quatre ans. » Si Alger, petite ville ouvrière, représente bien l'Ohio, l'Ohio, lui, représente bien l'Amérique profonde, avec son Nord industriel et son Sud rural. Tous les Etats ayant un slogan, censé définir leur personnalité, celui de l'Ohio est resté très conservateur : « Guns and God against gays », qui signifie « les armes et Dieu contre les homosexuels ». Pourtant, l'Ohio a changé, sinistré par la crise du secteur industriel et le chômage, que le libéralisme économique de Bush n'a pas réglé, et sa population a évolué, malgré ses 90% de Blancs. La preuve, Obama est crédité d'un avantage de 9 points dans l'Ohio, un écart très important du fait qu'avec ses 20 grands électeurs (sur 570), l'Ohio est fier de pouvoir dire aujourd'hui qu'aucun président républicain n'est arrivé à la Maison-Blanche sans ses voix. C'est dans cet Etat qu'a surgi « Joe le plombier », cette figure censée représenter l'Amérique moyenne dont McCain et Obama ont fait l'un des sujets principaux de leurs campagnes. Cependant, l'écart se resserre et Alger pourrait faire basculer le scrutin. Hasard de l'histoire, Alger, Algérie, à l'époque de la régence turque, avait été le premier Etat au monde à reconnaître l'indépendance de l'Amérique. Sauf fraude électorale, véritable sujet plus ou moins occulté de la campagne, l'Ohio et Alger devraient faire passer Obama. Et le porter à la présidence.