Le 31 décembre 1995, l'actuel SG du RND est désigné par le Président Zeroual à la tête du gouvernement. Il y a sept ans, Ahmed Ouyahia était l'homme le plus impopulaire du pays. Aujourd'hui, son image s'est considérablement améliorée, il est même devenu le symbole de la lutte contre l'intégrisme et l'obscurantisme. Né en 1952 dans la commune de Bouadnane au coeur du Djurdjura, il grandit au Clos-Salembier sur les hauteurs d'Alger, Ahmed Ouyahia allait très vite grimper les marches du pouvoir. Diplômé de l'infranchissable Ecole d'administration et titulaire d'un diplôme en sciences politiques, il est affecté, dans le cadre du service militaire, en qualité de fonctionnaire à la présidence de la République et ce, entre 1975 et 1977. Son assiduité et son sérieux l'ont ensuite amené au département Afrique au ministère des Affaires étrangères puis en tant que conseiller à l'ambassade d'Algérie à Abidjan entre 1981 et 1984. De 1984 à 1989, il est membre de la délégation algérienne auprès des Nations unies. En 1992, il est nommé ambassadeur au Mali, avant d'occuper en septembre 1993, le poste de secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et des Affaires maghrébines dans le gouvernement de Reda Malek. En février 1994, il devient le plus jeune responsable nommé à la tête d'un organe exécutif. En effet, à l'âge de 43 ans, il est nommé chef de cabinet à la présidence. Le 31décembre 1995, Ouyahia est désigné par le Président Zeroual, à la tête du gouvernement. A l'époque, personne ne connaît «ce jeune étudiant» de la scène politique. Très vite, il a réussi à faire parler de lui. En mal, d'abord, puisque les partis et la presse lui attribuent la crise économique et sociale que traverse le pays. Et en bien, par les hauts responsables de l'Etat qui reconnaissent en lui un chef de gouvernement rigoureux, puis par le président Zeroual qui lui renouvelle sa confiance en le maintenant au poste lors des législatives de juin 97. Il était plus que jamais l'homme du système. Après le départ de Zeroual, l'opposition réussit à le faire partir. Mais Ahmed Ouyahia n'avait pas encore dit son dernier mot et décide de récupérer le RND par «un putsch scientifique» au détriment de Tahar Benbaïbèche, visiblement affaibli politiquement après le départ de Zeroual, mais surtout de Betchine. Ouyahia réussit son coup en apportant son plein soutien au candidat du consensus, Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle de 1999. Récompensé pour services rendus, il est nommé ministre d'Etat, ministre de la Justice. Il est reconduit dans le gouvernement Benflis le 26 août 2000. Bien installé au sommet de l'Etat, Ouyahia n'oublie pas pour autant de s'occuper de son parti, qui se détache sensiblement du pouvoir. Les différentes crises créées pour déstabiliser le parti n'ont fait que renforcer son emprise et lever le voile sur un personnage qui maîtrise aussi bien le discours politique que la communication avec la presse. Une vague d'incendies dans les prisons du pays avait suscité la polémique et fait courir la rumeur de son éventuel départ du gouvernement. Mais Ouyahia, toujours imprévisible face à ses adversaires, réussit à faire taire une mutinerie et organise une conférence de presse à 20h, rien que pour mettre les barres sur les «t» et les points sur les «i». Entré dans la course aux législatives, en perte de vitesse face au FLN, le secrétaire général du RND devient le bien-aimé du peuple et fait même salle comble à chaque meeting. Présenté comme un présidentiable, Ahmed Ouyahia apparaît d'ores et déjà comme le «gladiator» de l'arène politique.