La récente modification de la loi électorale, introduite mercredi dernier au Conseil de gouvernement par le ministre de la Justice, Ahmed Ouyahia et qui portait sur l'augmentation des sièges pour la capitale, passant de 24 à 33, servira, à coup sûr, de terrain de bataille pour les prochaines élections législatives. Disposant de 24 sièges, lors des législatives de juin 97, la capitale a vu son quota gonfler en raison d'un nouveau découpage administratif et d'un accroissement important de la population dans la wilaya d'Alger. En effet, en 1997, Alger était rattachée au gouvernorat du Grand-Alger et ne disposait seulement que de 33 communes. Après la dissolution du gouvernorat et le retour de l'administration de la wilaya, le nombre de communes, est passé à 57. Il faut ajouter à cela l'augmentation de la population, une nouvelle donne constatée après le dernier recensement (RGPH) de l'ONS (Office national des statistiques) en 1998. Lors des élections législatives de juin 1997, la capitale comptait 24 députés. Après un essai politique de cinq ans et un paysage politique totalement modifié, seuls six députés ont eu la chance d'être réélus. C'est le RND qui disposait de la majorité avec six députés: Ahmed Ouyahia, tête de liste, Mustapha Guidoum, Zahia Benarous, Lahcène Moussaoui, Aziz Derouaz et Nouredine Benbraham. Au RND, on ne cache pas son ambition de garder la majorité dans la capitale, même si on accepte l'idée de perdre la place de premier parti à l'Assemblée. Ouyahia en fait même son objectif principal pour les prochaines législatives. Sauf grande surprise, c'est l'actuel secrétaire général du RND qui conduira la liste d'Alger pour les prochaines législatives. Il est le seul cadre du RND à pouvoir relever le défi, après que Abdelkader Bensalah eut décidé de prendre la liste d'Oran. Même s'il a été élu en 1997, grâce, selon certains partis, à la fraude, l'image d'Ahmed Ouyahia, ex-Chef du gouvernement impopulaire, a considérablement changé. Ses nombreuses sorties médiatiques et sa position radicale contre l'intégrisme religieux et la violence terroriste ont fortement rehaussé son image. Il est passé du statut de ministre impopulaire et auteur d'un putsch, à celui d'homme d'Etat sachant faire preuve d'abnégation. Sur les six élus de 1997, seuls trois députés risquent d'être réélus. Ahmed Ouyahia, Mustapha Guidoum, l'ancien ministre de la Santé, qui bénéficie toujours d'une bonne cote de popularité et Nouredine Benbraham, le plus jeune député à l'Assemblée et qui s'est distingué, lors de son mandat, par son sérieux et son dévouement à la cause des scouts dont il a sensiblement amélioré l'image. Lahcène Moussaoui, ne pourra pas se représenter puisqu'il est actuellement ambassadeur d'Algérie au Mexique. Quant à Zahia Benarous et Aziz Derouaz, sortis par la petite porte de leur expérience de ministre, ils ne risquent pas d'être retenus par Ouyahia dans la prochaine liste. Parmi les noms qui circulent dans les coulisses du parti et qui sont susceptibles d'accompagner Ouyahia sur la liste, nombreux sont les députés qui ont remplacé les «élus ministres». On parle notamment de M.Kamel Kasbadji, un député qui s'est fortement distingué durant son mandat à l'APN et le fait de diriger l'un des plus grands clubs du pays, le Mouloudia d'Alger, lui permet d'être plus proche des jeunes, un critère indispensable pour une réélection. Autre député susceptible d'être réélu au poste de député d'Alger, Djabir Kahlouche, un cadre important et qui a souvent joué les grands rôles dans les coulisses de l'Assemblée. Du côté des femmes, peu de noms circulent. Mme Fatma-Zohra Mansouri, députée et membre de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée n'est pas à exclure. Une femme qui s'est souvent montrée intraitable sur les questions fondamentales qui touchent la femme et la société. Avec elle, on n'écartera pas la venue de Mme Bensahnoun, l'actuel maire de Kouba, qui a accompli un très grand travail dans sa commune et qui, en raison de sa très grande popularité, est, elle, éligible. Des surprises, il ne risque pas d'y en avoir au RCD qui, lors des élections législatives de 97, avait fortement concurrencé le RND et obtenu la seconde place avec quatre sièges: Saïd Sadi, tête de liste, Khalida Toumi, épouse Messaoudi, Hocine Nya et Khalfa Mameri. Avec la conjoncture politique actuelle, le RCD risque de perdre tous ses sièges ou presque. Après l'exclusion de Khalida Messaoudi considérée pourtant comme le symbole vivant du combat politique du RCD, il ne reste pas beaucoup d'espoir dans ce parti qui est en chute libre depuis les événements de Kabylie. A cela, il faudrait ajouter le cas particulier de Saïd Sadi, qui s'est illustré durant son mandat par son absentéisme constant à l'Assemblée. Le leader du RCD, qui n'est pratiquement pas intervenu en plénière, faisant même l'impasse sur les ouvertures et les clôtures des sessions considérées comme le moment rassembleur de tous les députés, a fait considérablement baisser sa cote de popularité dans la capitale. Seul Hocine Nya, l'actuel vice-président à l'APN, peut prétendre garder son siège de député d'El-Assima. Une faillite politique qui profitera, à coup sûr, à son frère ennemi le FFS, même si des trois députés qu'il avait réussi à faire passer en 97, il ne reste pas grand-chose. Seddik Debaïli, l'une des figures de proue du parti d'Aït Ahmed, a disparu subitement des suites d'une attaque cardiaque, alors que Mme Nadjia Boumendjel et M.Ali Rachedi ont pris le chemin déficitaire de la dissidence. Malgré cela, le FFS demeure confiant puisqu'il dispose toujours d'un électorat important à Alger et pourrait même rafler la deuxième place au RCD, si la liste d'Alger est conduite par l'actuel premier secrétaire du parti, M. Ahmed Djeddaï, un homme de terrain qui jouit d'une très grande popularité dans la capitale. Mais le FFS sera suivi de très près par le MSP de Mahfoud Nahnah qui verra, à coup sûr, la réélection du député Fateh Guerd, l'actuel président de la commission culture, communication et tourisme à l'Assemblée et ce, en raison du travail considérable qu'il a accompli durant son mandat, ce qu'il lui servira de carte de visite pour les législatives. Un député qu'il faudrait ajouter Omar Si Chaïb. La liste pourrait être conduite par Abdelkrim Dahmane, le député de Tipasa, qui s'est illustré à son poste de président du groupe parlementaire et qui est considéré, à juste titre, comme l'une des valeurs montantes du MSP. Quant au FLN, qui avait obtenu deux sièges lors des élections de 97 avec Belaïd Abdelaziz et Mustapha Boualeg, même s'il n'a pas affiché son ambition de prendre la capitale, le parti de Benflis entend tirer son épingle du jeu afin d'améliorer son score et remporter les générales. A côté de tous ses grands partis, il y a le Parti des travailleurs qui, malgré la modestie de ses moyens, a réussi haut la main à faire élire deux députés en 1997, Louisa Hanoune et Mustapha Benmohamed. Enfin, il reste les deux sièges du mouvement Ennahda, Mahmoudi Rabah et Abdelhamid Boulefaât qui risquent de basculer au profit des membres d'El Islah de Djaballah. Il reste, toutefois, avec la nouvelle donne politique et l'augmentation des sièges à 33, que tous les calculs politiques sont possibles même les plus inimaginables. Si certains députés d'Alger sont politiquement morts et que d'autres sont promus à une meilleure carrière, il est clair que cette nouvelle bataille électorale d'Alger risque d'être fatale pour certains et décisives pour d'autres.