Les praticiens menacent d'une grève illimitée, y compris dans les services des urgences. La grève nationale de trois jours initiée par la Coordination des syndicats autonomes de la Fonction publique a été largement suivie. C'est ce qu'a annoncé, hier, à L'Expression, le porte-parole de la Coordination et coordinateur national du Snapest, Meziane Meriane. «Le taux de suivi a atteint les 70% à l'échelle nationale», a-t-il affirmé. De son côté, le ministère de l'Education nationale avance un taux de suivi de 4%. Pour Meriane, la mobilisation a été «totale» à El Bayedh, Oum El Bouaghi, Jijel. En revanche, cette grève n'a pas eu l'écho escompté à Alger, reconnaît le syndicaliste, confirmant ainsi les propos du département de Benbouzid. A Oran, les fonctionnaires ont répondu timidement au mot d'ordre. Au lycée Lotfi connu pour être le bastion des fortes mobilisations, les cours ont été dispensés normalement. Idem au niveau de plusieurs autres établissements scolaires. A Tizi Ouzou, un suivi mitigé est enregistré puisque un taux de 40% à 50% est signalé au niveau du secondaire et 30% à 40% au niveau du primaire et du moyen. Dans la wilaya de Bouira, les primaires ont suivi la grève à 51% et le moyen à 46% alors que les lycées n'ont pas répondu à l'appel de la Coordination. M.Meriane dénonce, en outre, «la mauvaise exploitation qui a été faite par les chaînes de la Radio nationale quant au communiqué émanant des syndicalistes qui se sont retirés de la grève». «Ce communiqué a fait un cafouillage et a causé un tapage médiatique sans précédent!», a-t-il martelé. Loin de s'avouer vaincu par ce semi-échec, Meriane se rassure: «L'essentiel est dans la continuité du combat syndical pour faire aboutir les revendications socioprofessionnelles que l'on juge légitimes.» Et d'enchaîner: «Au-delà du pourcentage du suivi de la grève, un responsable digne de ce nom doit s'occuper de façon professionnelle des problèmes posés et non pas faire de la fuite en avant.» Et de conclure: «En occultant les problèmes posés, on ne peut que retarder des mouvements de protestation.» Cependant, si le secteur de l'éducation a répondu timidement au mot d'ordre, il n'en est pas de même pour celui de la santé publique qui a été paralysé, hier. La corporation des praticiens a répondu massivement au mot d'ordre de grève lancé par la Coordination. «Les services des différents hôpitaux, à l'échelle nationale, étaient paralysés», a assuré à L'Expression, le secrétaire général du Syndicat national des maîtres-assistants en sciences médicales, le Pr Rachid Belhadj. Hormis un service minimum, dit-il, les maîtres-assistants, les professeurs, docents et les praticiens généralistes et spécialistes de la santé publique n'ont pas assuré le service. Au niveau de la capitale, les travailleurs ont observé un piquet de grève dans l'enceinte du CHU Mustapha-Bacha. «Nous sommes en grève de soins et d'enseignement. Nous ne prenons en charge que les blocs pédiatriques et les urgences», affirme notre interlocuteur. La corporation a répondu à l'appel de la Coordination pour «exprimer son ras-le-bol vis-à-vis des conditions socioprofessionnelles dans lesquelles exerce aujourd'hui le praticien». Il estime que la santé est, aujourd'hui, dans un état chaotique. «Certes, l'Etat investit dans les moyens mais néglige la ressource humaine», clame encore le Pr Belhadj qui dénonce «le mutisme des pouvoirs publics vis-à-vis de leurs doléances». La corporation de la santé ne demande qu'à être au même niveau que nos voisins tunisiens et marocains, rétorque-t-il en estimant que le salaire du praticien est dérisoire. Devant cette situation de tension, le représentant syndical menace: «Si le chef du gouvernement ne s'engage pas à répondre favorablement à nos revendications après les trois jours de grève, nous opterons pour une grève illimitée et nous proposerons même lors de nos assemblées générales, d'aller vers un débrayage dans les urgences». Le syndicaliste rappelle que tous les praticiens (hospitalo-universitaires, spécialistes, généralistes...) organiseront, demain, un mégarassemblement dans les CHU des quatre wilayas, à savoir Alger (CHU Mustapha-Bacha), Oran, Annaba et Constantine. De même, une assemblée générale sera tenue à 9h au Cpmc du CHU Mustapha-Bacha pour débattre de la question.