Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales récuse fermement les accusations portées contre l'Algérie par le souverain alaouite. Noureddine Yazid Zerhouni a réagi aux derniers propos du souverain alaouite: «Personne ne peut accuser l'Algérie de manoeuvres ou de tentatives de balkanisation du Maghreb arabe». En des termes clairs et sans équivoque, M.Zerhouni a réfuté les déclarations de Mohammed VI. Le roi marocain a accusé, jeudi dernier, l'Algérie de tentatives de balkanisation du Maghreb et d'être à l'origine du blocage des négociations au Sahara occidental, comme il est revenu sur la question de la réouverture des frontières entre les deux pays. «Elle met (l'Algérie) tout en oeuvre pour faire perdurer la situation actuelle, qui fait planer les périls de la balkanisation sur la région du Maghreb et du Sahel», a encore dit le souverain alaouite. Trois jours après cette «déclaration royale», Alger met les points sur les «i». «L'histoire démontre que de telles accusations sont infondées», a déclaré d'emblée, le ministre de l'Intérieur, hier devant la presse, en marge de la cérémonie commémorative des inondations du 10 novembre 2001 à Bab El-Oued. Pour l'édification de l'UMA, M.Zerhouni a réitéré que l'Algérie rêve toujours de construire ce Grand Maghreb. «Nous avons toujours rêvé de l'édification d'un Grand Maghreb arabe et nous avons toujours lutté pour cet idéal», a rappelé le ministre de l'Intérieur. Et de s'interroger sur la conception de ce Maghreb: «La véritable question qui devrait être posée est quel Maghreb arabe veut-t-on édifier?» M.Zerhouni n'a pas omis de rappeler l'intérêt qu'il y avait à construire cet ensemble communautaire qu'est le Grand Maghreb. «S'agit-il d'édifier un Maghreb au service de ses peuples, ou s'agit-il alors d'autre chose aux objectifs obscurs?» s'est-il interrogé. Sur le même sujet, M.Zerhouni a précisé qu'il «ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples vivant dans cet espace trouvent leurs places». En mars dernier, déjà, le souverain chérifien avait évoqué la question de la construction du Maghreb et de la réouverture des frontières. C'était encore M.Zerhouni qui avait apporté les précisions qui s'imposaient au roi du Maroc: «Les citoyens maghrébins sont pour une démarche unitaire, cohérente et complémentaire», souligne le ministre de l'Intérieur, en référence au conflit opposant le Royaume chérifien au Front Polisario. Sur la question des frontières, M.Zerhouni a expliqué que «le problème de la circulation aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb». Le Maroc fait le forcing sur l'Algérie pour ouvrir la frontière terrestre ouest. Celle-ci a été fermée en 1994, après que le Maroc eut accusé l'Algérie d'être impliquée dans les attentats de Marrakech, imposant des visas aux citoyens algériens souhaitant se rendre au Maroc, et organisé une chasse aux Algériens résidant dans le Royaume. Sur cette question, l'Algérie a affirmé à diverses reprises que la frontière resterait fermée jusqu'à ce que les deux pays aient apuré la totalité des contentieux encore en suspens. Dans un entretien accordé à l'agence Reuter, le Président Bouteflika avait indiqué que l'ouverture des frontières avec le Maroc, interviendra «lorsque seront levés tous les obstacles qui l'empêchent actuellement». «Le problème de la circulation aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb.»