Voulant convaincre, le roi s'engage à résoudre les différends existants entre Rabat et Alger. Le Maroc veut relancer ses relations avec Alger. Il se dit prêt à des «concessions» en vue du règlement des conflits. Mais quels conflits? Le roi Mohamed VI a ainsi réaffirmé la volonté de son pays de parvenir à une réconciliation totale avec les parties concernées par le conflit du Sahara. «Nous réaffirmons la ferme volonté du Maroc de poursuivre sa politique de la main tendue, pour rapprocher les points de vue et aplanir les différends, consolider la confiance par le dialogue et parvenir à une réconciliation totale et globale avec toutes les parties concernées, par le conflit du Sahara» a affirmé le Souverain dans un discours adressé, hier, à la Nation à l'occasion du 9e anniversaire de son accession au trône. Ainsi, il a assuré que le Maroc entend continuer à «prendre des initiatives en toute sincérité et d'être à l'écoute de toutes les bonnes volontés, pour rétablir des relations normales entre le Maroc et l'Algérie, et bâtir un partenariat constructif avec ce pays voisin et frère». Certes! Toutefois, de quels conflits avec l'Algérie parle le souverain alaouite? A notre connaissance, il n'y en a aucun et le dossier sahraoui relève des seules prérogatives des Nations unies qui placent le Sahara occidental comme étant l'un des derniers territoires encore à décoloniser. Donc, à ce niveau, l'Algérie est très à l'aise, et a toujours proposé sa médiation -en tant que voisin et observateur dans le dossier en question - pour trouver une solution consensuelle entre les Marocains et les Sahraouis. Donc le roi du Maroc frappe à la mauvaise porte. Alger n'est pas et n'a jamais été partie prenante au conflit sahraoui qui reste, selon la formulation de l'ONU, un problème de décolonisation du fait de l'occupation de ce territoire par une force étrangère. Ceci dit, il est évident que les relations algéro-marocaines ne sont pas ce qu'elles auraient dû être. Aussi, la sortie du souverain chérifien est loin d'être un simple fait. Elle traduit bel et bien l'intérêt qu'il porte à la frontière entre l'Algérie et le Maroc. Il faut reconnaître que Rabat a du mal à avaler la pilule de la fermeture de nos frontières. Malgré les appels lancés par de hauts responsables politique marocains, Alger campe sur sa position. Rabat semble avoir enfin compris le raisonnement d'Alger. Dans son discours, le roi Mohamed VI a adopté un nouveau langage plus conciliant sur le règlement des dossiers en suspens. Afin de convaincre l'Algérie de changer sa position, il a affirmé que le Maroc est disposé à «s'engager dans des négociations substantielles, de bonne foi et à tous les niveaux, afin de trouver une solution politique, consensuelle et définitive au conflit». Cette déclaration est perçue comme une réponse directe à l'annonce officielle d'Alger. «Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place», avait dit récemment le ministre algérien de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. Selon lui, la question est donc liée à «une approche globale» de l'avenir du Maghreb, donc à la solution du problème du Sahara occidental, du moment que le Maroc en a fait un épouvantail allant jusqu'au gel des activités de l'UMA. A propos des frontières, le souverain chérifien a estimé que «quelles que soient les différences de points de vue dans ce conflit, elles ne sauraient justifier la poursuite de la fermeture des frontières. Cette mesure unilatérale est vécue par les deux peuples comme une sanction collective incompatible avec leurs liens de fraternité historique, les exigences de leur avenir commun et les impératifs de l'intégration maghrébine». Pour rappel, la frontière terrestre entre les deux pays a été fermée en 1994 à la suite d'un attentat islamiste à Marrakech, que Rabat avait imputé aux services secrets algériens. Rabat avait alors décidé d'expulser les Algériens, d'instaurer des visas pour nos ressortissants, alors que la police marocaine procédait à des arrestations en masse d'Algériens séjournant au Maroc. Par réciprocité, Alger avait, à son tour, fermé ses frontières avec le Maroc. Les visas ont été supprimés par le Maroc en 2005 puis par l'Algérie en 2006, mais la frontière est demeurée close. Alger reste convaincue que le projet de l'Union du Maghreb arabe ne peut aboutir sans un assainissement global de tous les dossiers restés en suspens ces dernières années entre l'Algérie et le Maroc.