Bien qu'absent du sommet de Koweït, le souverain marocain a, dans le discours adressé à ses pairs arabes, saisi l'opportunité pour harceler une fois de plus l'Algérie sur la question de la réouverture de la frontière commune, sans pour autant faire le moindre effort pour régler les contentieux en suspens, comme le demande Alger. L'affaire de la réouverture des frontières algéro-marocaines est devenue une véritable fixation pour le monarque chérifien, qui met à profit, désormais, les manifestations internationales pour soulever cette question. En effet, dans son discours adressé au sommet économique et social de la Ligue arabe de Koweït, Mohammed VI a réitéré l'attachement du Maroc à l'ouverture des frontières entre le Maroc et l'Algérie. Regrettant les “piétinements” que connaît l'édification de l'Union du Maghreb arabe, le roi du Maroc a remis sur le tapis “l'ouverture des frontières entre deux peuples frères”. Pour justifier cette nouvelle demande, le souverain alaouite a affirmé qu'“en réitérant son attachement à l'ouverture des frontières entre deux peuples frères, le Maroc est loin d'en banaliser l'objectif et de le réduire à quelque avantage étriqué ou à un intérêt exclusif”. Poursuivant sa plaidoirie, Mohammed VI indiquera dans son message que l'attitude du Maroc “procède, au contraire, de sa fidélité à la fraternité et aux règles de bon voisinage. Elle traduit son ferme engagement en faveur de l'Union du Maghreb, d'autant plus qu'elle constitue un maillon important dans le processus d'intégration arabe que nous appelons de nos vœux”. Dans l'espoir de donner plus de mordant à sa requête, il regrettera “les piétinements que connaît l'Union du Maghreb, du fait d'entraves artificielles, y compris la persistance de la fermeture absurde, par une seule partie, des frontières entre deux pays voisins”, tout en désignant comme exemple à suivre “l'expérience pionnière menée par le Conseil de coopération du Golfe”. Il soulignera la nécessité de “créer dans le monde arabe un climat empreint de coopération et de solidarité”. Tout en préconisant la mise en place d'une feuille de route arabe pour le développement, le souverain alaouite fera encore des reproches indirects à l'Algérie en affirmant qu'“il faut, parallèlement, vaincre les démons de la division et régler les problèmes factices, et se défaire des politiques économiques de portée étroitement nationale, introverties et confinées à l'environnement immédiat”. Dans le même ordre d'idées, Mohammed VI estimera qu'“il faut opter pour une démarche, d'ailleurs inéluctable, celle de la construction d'ensembles régionaux intégrés dans un monde où seuls comptent les ensembles forts, et où il n'y a pas de place pour les entités fragiles ou artificielles”, en assurant que “le Maroc est disposé à œuvrer avec détermination et confiance à la construction d'un espace économique arabe commun”. Décidément, le Makhzen continue à se voiler la face en refusant une solution globale des contentieux algéro-marocains en suspens, dont la réouverture de la frontière, comme cela a été proposé par de nombreux officiels algériens, notamment le ministre algérien de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, et le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Ainsi, au lieu de perdre du temps à exiger dans les discours des responsables marocains uniquement la réouverture des frontières, Rabat ferait mieux de se mettre autour d'une table avec Alger et trouver un dénouement à tous les différends entre les deux parties. Merzak Tigrine