Le pouvoir a empêché toute manifestation publique de ces personnalités. L'opposition au pouvoir en place, dont les prémices étaient visibles au lendemain de la présidentielle de 99, a fini par se cristalliser sous la forme du groupe des quatre. Ce dernier, officiellement né il y a environ un mois, a rendu public son acte de naissance en même temps qu'une déclaration d'une rare virulence tançant le pouvoir en place. Le groupe des quatre, formé de Hocine Aït-Ahmed, Ahmed Taleb-Ibrahimi, Rachid Benyelles et Ali-Yahia Abdennour, a ouvertement appelé le peuple à bouder les urnes le 30 mai et même à s'y opposer pacifiquement. La vision de ce groupe est en fait très simple. Le pouvoir, à ses yeux, «tente de se régénérer à travers ces élections alors que ses jours sont comptés. Ainsi, plutôt il partira mieux cela vaudra pour tous». C'est pour cette raison, donc, que le groupe a tenté de mener campagne contre les législatives. C'est pour cette raison, aussi, que le pouvoir, via ses divers relais administratifs locaux, a tout fait pour les en empêcher. Tous les meetings de ce groupe ont été empêchés sous prétexte que les salles demandées étaient réservées à la campagne. Cela peut être vrai à la rigueur sauf que le pouvoir s'est trahi en leur refusant le stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou alors qu'aucun candidat ni aucun parti n'ont osé s'y aventurer pour y tenir un meeting. Le pouvoir, en outre, a hermétiquement fermé les portes de ses médias à l'expression de ce groupe, au point qu'il y a carrément cessé d'exister à un moment où des groupuscules, qui ne refont surface qu'en cas de rendez-vous électoraux, y occupent des places de choix. Ce choix, au reste, a été interprété par de nombreux observateurs comme une tentative de noyer le vide laissé par des grands absents avec une pléthore de «petits présents». Le groupe, fort d'un parti comme le FFS et de la déferlante populaire générée par la candidature de Taleb en 99 et le parti Wafa qui en a résulté, espère bien faire un bon «score». Ahmed Djeddaï, qui a réussi, au nom de son parti, à animer pas mal de meetings à travers le terrotoire national, n'a pas non plus hésité à user d'autres formes de propagande, telles que le recours aux médias privés et la distribution de tracts appelant le peuple à bouder les urnes. Dans le même temps, le pouvoir devrait trouver, dans les prochaines heures, le plus grand mal à étouffer l'expression de ce groupe puisque le bras de fer entre les élus locaux du parti de Hocine Aït-Ahmed et les représentants de l'administration locale à Tizi Ouzou va connaître aujourd'hui de nouveau une tension à travers la grève générale et la marche que compte organiser cette formation dans la région. Le groupe des quatre, monumentalement ignoré tout au long du déroulement de la campagne électorale, pourrait bien profiter du silence qui s'en suivra à partir de demain pour hausser le ton à son tour et avoir, en quelque sorte, le dernier mot. En tout état de cause, une lutte sans merci est engagée autour du taux de participation pour les uns, et d'abstention pour les autres. De ces chiffres dépendra en très grande partie l'avenir du pouvoir, tout comme celui du groupe des quatre. Dans moins d'une semaine, nous en saurons beaucoup plus. En attendant, chacun balance ses ultimes salves et affûte aux mieux ses arguments.