Du 12 au 15 novembre, la salle Abc abrite un événement cinématographique placé sous le thème «Cinéma et mémoire». Parce que la mémoire c'est important, a fortiori celle de l'Algérie, dispersée çà et là, cet événement revêt une importance capitale, à ne pas manquer. L'association culturelle Chrysalide, soucieuse de nouer des partenariats avec des associations qui partagent les mêmes objectifs a pris l'initiative de jumeler ses efforts avec l'association marseillaise Aflam. Celle-ci a pour mission la diffusion des cinématographies issues du monde arabe, ce qu'elle fait notamment à travers l'organisation de festivals (le dernier en date s'intitulant Cinéma(s) de Syrie). Dans le cadre de ses activités cinématographiques, et dans l'objectif d'initier une réflexion sur le documentaire d'archives en Algérie, Chrysalide a tenu ainsi à donner carte blanche à cette association marseillaise. Un travail de jumelage profond qui ne peut être que bénéfique pour la redécouverte de notre mémoire commune. Le programme a ainsi pour thème «Le documentaire d'archives». Les documentaires choisis concernent essentiellement la période coloniale. Aflam, nous apprend-on, proposera, à cet effet, une série de courts films de familles qui constituent, pour les historiens et les cinéastes documentalistes, des pistes scientifiques riches en enseignements sur cette période de l'histoire de l'Algérie et de la France. Par ailleurs, Claude Bossion présentera à un public spécialisé (historiens, sociologues, cinéastes) le site et les objectifs de son association: Cinémémoire. Créée il y a dix ans, cette association se charge essentiellement de prospection des images, techniques d'archivage et de numérisation, valorisation et restitution des archives recueillies. Cette rencontre se tiendra, à 11h, samedi, au Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques. L'ouverture de cette manifestation aura lieu aujourd'hui, à 16h30 avec l'excellent film palestinien Le sel de la mer de Anne-Marie Jacir. A 19h, place au film Je veux voir de Joana Hadji Thomas et Khalil Joreige (Liban) 2007, 75'. Juillet 2006: une guerre éclate au Liban qui brise les espoirs de paix et l'élan de la jeune génération. Joana Hadji Thomas et Khalil Joreige, eux aussi sous le choc, s'interrogent: «Quelles histoires raconter, quelles images montrer? Que peut le cinéma?» Alors ils embarquent une icône, Catherine Deneuve, dans une voiture conduite par leur acteur fétiche Rabih Mroué et ils filment ce voyage inopiné, de Beyrouth à la frontière israélienne. Demain, l'ABC vous convie à la projection, à 14 h de Mon Ange de José Cesarini, 1999, 10'. Pour exprimer ses interrogations sur la question du bien et du mal, Adel se souvient d'une fable que lui avait un jour raconté son frère. Suivra Il était temps de revenir de Aurélie Orban-Lallemant, 2003, 52'. Zoulika, mère-célibataire vivant en Provence, décide de retourner dans son pays d'origine, le Maroc pour rendre visite à sa famille après 25 ans de rupture. A 15h30 les cinéphiles sont conviés à regarder Entouré (2005, 3'). Petit film d'animation réalisé par les 180 élèves de l'école Major Cathédrale à Marseille sur une chanson de Flop. Puis place au documentaire Alger-Oran-Paris, les années Music-Hall de Michèle Mira Pons (2003, 52'), un documentaire délicieux sur ce courant musical à la saveur unique né d'Alger à Oran dans les années 50. Avec des portraits d'artistes comme Lili Boniche, Salim Halali, Line Monty... Changement de registre, vous pourrez apprécier à 16h30 Histoire de trois poussières de sable de Florence Lloret (2001, 26'). Trois garçons et trois fils d'immigrés à Marseille prennent la parole et coupent court à bien des clichés en vogue. Suivra Sur le petit pré de Jean-Michel Perez, 2003. Les plus téméraires pourront apprécier à 18h O.S de Marie Vanaret, (2007, 15'). Un film qui témoigne sur où et comment un corps d'ouvrier spécialisé se donne, s'use et se consume, comme le métal en fusion. Un débat avec la réalisatrice et avec Aurélien Desclozeaux se tiendra juste après. Le soir, vous êtes conviés à la projection de Trous de mémoire de Jean-Michel Perez, (2007, 58). Comment entrer en résistance et parvenir à écrire sa propre histoire, et y déterminer sa place malgré l'enfermement, la prison? Suivra aussi un débat avec le réalisateur. Vendredi à 16h, le public est invité à regarder Une enfance heureuse de Messaoud Laïb 2003, 52', puis à 18h, Lettre à la prison de Marc Scialom 1969 - 2008, 70'. Ce film, tourné en 1969 était resté inachevé. Retrouvé par la fille du réalisateur il y a deux ans, il fut restauré par la cinémathèque de Bologne, en collaboration avec l'association Film-flamme à Marseille. Cette projection sera suivie d'un débat avec le réalisateur. En somme, une bonne programmation à ne pas rater, sur des bouts de vie, qui constituent incontestablement notre grande histoire.