Ça y est, la place Gueydon va renouer, l'espace d'une semaine, avec la fièvre de la passion du 7e art sous toutes ses formes... Beaucoup de monde à la cinémathèque de Béjaïa. Ce soir, c'est l'ouverture de la 4e édition des rencontres cinématographiques. Organisées conjointement par les deux associations Kaina Cinéma et Project'heurs, c'est sous le thème de la mémoire qu'à été décidé d'inscrire cette nouvelle édition. Dans l'effervescence du premier soir étrenné dimanche dernier, Abdenour Houchiche, président de l'association de Béjaïa, réitéra, comme à chaque fois, son immense plaisir des retrouvailles en affirmant l'objectif de cette manifestation qui réunit professionnels et amateurs dans ce lieu de rendez-vous autour du cinéma. «Un lieu de réflexion afin de retrouver des solutions. Nous voulons faire de Béjaïa, la ville du cinéma, construire un réseau de ciné-clubs et retrouver le cinéma dans notre pays.» a-t-il souligné. Aussi Abdenour invitera le public à venir nombreux assister à cet événement qui, faut-il le rappeler, ne peut réussir et se faire sans la présence du public. Cette manifestation, indiquera-t-il, est dédiée à Nabila Djahnine connue pour avoir longuement milité pour les droits de la femme et au comédien Kheireddine Amroune ancien comédien du TRB, décédé il y a quelques mois. Prenant la parole, Habiba Jahnine soulignera, pour sa part, son émotion née de cette mobilisation autour du cinéma. «On bataille pour penser notre cinéma de demain et ce, en formant des animateurs au ciné-club et gérant de salles ...» a-t- elle déclaré. Abordant le thème de l'édition 2006 des rencontres, à savoir «la mémoire», Habiba expliquera ce choix qui a constitué les débats des rencontres cinématographiques de Béjaïa depuis la première édition, par la nécessité de regarder enfin notre société en face. «Il y en a marre de l'amnésie» lâchera-t-elle. Aussi, les oeuvres que les réalisateurs nous donneront à voir participeront à créer une mémoire. Le regard, le point de vue du cinéaste deviennent ainsi un témoin par l'image et la trace de cette page de l'histoire qu'elle nous restituera. C'est ainsi, dans ce cadre, qu'il a été projeté en VHS, le film documentaire de Azzedine Meddour, Combien je vous aime réalisé en 1985 et d'une durée de 105 minutes. Le film ayant été choisi maladroitement de l'avis de certains, pour faire l'ouverture a dressé, à partir d'images d'archives, notamment des journaux télévisés français un portrait de la colonisation de l'Algérie selon une approche qui a souvent recours à l'ironie. Commenté par Azzedine Meddour et Abdelkader Alloula, le film, quoique abordant une page de notre passé, n'en évoque pas moins les retombés de la colonisation qui perdurent au jour d'aujourd'hui et provoquent encore des colères et des conflits dans les relations bilatérales entre la France et l'Algérie, faisant toujours l'actualité. C'est là où réside la pertinence et l'intérêt de ce film qui peut-être regardé avec un oeil à la fois neutre et neuf, sans exclure et occulter pour autant certains enjeux... L'importance de la mémoire dans la réhabilitation et l'écriture de l'histoire! Une thématique qui sera aussi déclinée à travers une programmation étayée par des projections de courts et longs métrages, notamment sur l'immigration, par le jeune cinéma maghrébin devenu un «observatoire» de la mutation socioculturelle des pays du Maghreb, sans oublier un hommage qui sera rendu à Jacques Charby qui était un acteur important de la lutte pour la libération de l'Algérie, un militant anticolonialiste des années 1950. Les 4es rencontres cinématographiques ne seront pas ce qu'elles sont, par ailleurs, sans les ateliers destinés à la formation aux techniques cinématographiques, notamment la réalisation d'une séquence ou une minute d'un film, la gestion d'un ciné-club etc. Ceci étant l'autre versant essentiel de ces rencontres. Grâce à ces ministages qui se dérouleront au TRB, même s'ils représentent une goutte d'eau dans l'océan, sera, malgré tout, construit par cette multitude d'efforts, une volonté et surtout une force d'action pour remettre d'aplomb notre cinéma. Enfin, on l´espère...