Alors que la classe politique n'a pas encore fini de réagir à la révision de la Constitution, le président de l'APN est passé directement aux choses sérieuses. Une occasion offerte sur un plateau d'argent pour M.Ziari. Invité à l'émission «En toute franchise», diffusée sur les ondes de la Chaîne III vendredi dernier, le président de l'Assemblée populaire nationale a tendu la perche. Il a solennellement invité le président de la République à briguer un troisième mandat. Le troisième homme politique dans la hiérarchie de l'Etat vient de marquer un point remarquable. Cet appel intervient, faut-il le rappeler, quarante-huit heures après l'adoption, à la majorité écrasante, du projet de loi portant révision de la Constitution. Alors que la classe politique n'a pas encore fini de réagir à l'adoption du projet de l'amendement de la Constitution, le président de l'APN est passé directement aux choses sérieuses. Il est le premier à donner le «la», volant ainsi la vedette à tous ses confrères, en particulier le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. L'appel de Ziari a certainement surpris plus d'un et risque même de faire des jaloux dans l'entourage du chef de l'Etat. Comme il a devancé les responsables de l'Alliance présidentielle qui envisagent de se réunir ces jours-ci. Certes, des appels ont été lancés auparavant, mais M.Ziari a eu l'opportunité de relancer, fraîchement, l'appel à un troisième mandat, se plaçant ainsi au-devant de la scène politique. L'invitation de Ziari va ouvrir une nouvelle porte aux associations satellitaires qui vont lui emboîter le pas. La campagne tambour battant pour un troisième mandat reprend de plus belle. Les partis politiques, les associations et tous les acteurs de la société civile se précipiteront pour prendre le relais. Après un silence qui a duré plusieurs mois, les motions de soutien à la candidature du président de la République à un troisième mandat vont affluer de partout. Par ailleurs, évaluant les résultats du vote de mercredi dernier, M.Ziari l'a qualifié d'événement majeur. «Le nombre de voix qui ont approuvé cet amendement dépasse largement les frontières de l'Alliance présidentielle et y compris pour le tiers présidentiel du Sénat», a-t-il affirmé. Cela traduit, selon lui, une adhésion largement majoritaire de la classe politique. En d'autres termes: le résultat du vote traduit parfaitement la large adhésion de tous les acteurs de la société. Concernant le recours à la voie parlementaire alors que la légitimité du Parlement est remise en cause, M.Ziari a reconnu cette situation en affirmant que la défection des électeurs vis-à-vis des Assemblées est une réalité. Sur ce point, le président de l'APN a souligné que les représentants des partis ont la mission de veiller à ce que les revendications de la population soient respectées, c'est ce qui va, dit-il, crédibiliser davantage le député et pousser les gens à aller voter. «Il faudrait que ces élus tirent les leçons du taux d'abstention», a-t-il suggéré. Revenant à la question, il a estimé que même si cette Assemblée a été élue à moins de 35% des voix, cela n'empêche qu'elle existe. L'invité de la Chaîne III considère que quelle que soit la situation, cela n'empêche pas le Parlement de faire son travail. Pour lui, l'option de la voie parlementaire correspond parfaitement à la nature des textes proposés. D'autant plus que la Constitution, elle-même, le prévoit dans ces articles. Ce qui justifie, selon lui, la légalité des procédures et du processus emprunté. Au sujet du renforcement du rôle de la femme dans les assemblées élues, le président de l'APN a affirmé que la présence de la femme est faible au niveau des institutions. «Tous les partis ne jouent pas le jeu concernant la renforcement de la représentativité de la gent féminine à la lumière des évolutions», a-t-il déclaré. Et de renchérir: «Il faut introduire dans la loi les dispositions qui obligeront les partis politiques à donner plus de place aux femmes.» Parlant justement de la révision de la loi organique sur les partis, M.Ziari a déclaré qu'«elle va se faire indubitablement».