Sa famille menace de déposer plainte contre le wali pour non-assistance à personne en danger. Tout tue en Algérie. La famine, le terrorisme, les inondations et même le froid. Un octogénaire est mort de froid dans sa baraque de fortune, après avoir été délogé de son domicile qu'il occupait depuis 1960. Ayant été écartée de la liste des bénéficiaires, dans le cadre de la délocalisation du quartier Bardo pour la réalisation d'un grand centre commercial, cette victime, répondant au nom de Taoui Ali, père de six enfants, vivait dans un total dénuement depuis l'évacuation de la seconde tranche. Comment peut-on qualifier, aujourd'hui, la situation au niveau du quartier du Bardo? Ce qui vient de se passer, en tout cas, constitue une situation de non-assistance à personne en danger. Et dire qu'un tel cas s'est produit dans une ville censée être la capitale de l'est du pays et dans un contexte où personne ne veut prendre ses responsabilités, encore moins les autorités locales qui se voilent la face devant une amère réalité. Des projets à l'arrêt, une gestion catastrophique et un sentiment de mépris envers le citoyen. Telle est l'image que présente aujourd'hui Constantine. Ce n'est pas demain que les choses vont changer. La volonté fait défaut. Les opérations d'évacuation tournent souvent au drame. Des familles entières vivent à ciel ouvert après avoir passé un Ramadhan sous des tentes. Même les responsables de l'action sociale sont absents. Les organes de presse ne cessent de soulever le malaise constantinois, mais d'aucuns ne comprennent le silence des autorités. Il est de plus en plus lourd. Le sort de ce vieillard et des familles, devenus, du jour au lendemain, sans abri, est un cas des «calvaires» parmi la longue liste que connaît la société constantinoise. La démolition du quartier Bardo a causé la mort de plusieurs personnes, sans parler des mouvements de protestation observés par les habitants et qui ont failli tourner au drame. Les autorités s'obstinent dans leur logique sans même une stratégie devant permettre d'aller vers une résolution juste. Toiser le citoyen est devenu monnaie courante chez les responsables locaux à Constantine. En attendant, on espère que l'opération d'évacuation de la troisième tranche, prévue au courant de cette semaine, ne provoquera pas d'autres malheurs comme celui vécu par la famille du défunt, un ex-cordonnier qui réclame, d'ailleurs, réparations dans les plus brefs délais sans quoi, a-t-il affirmé, une plainte sera déposée contre le premier responsable de la wilaya, tenu pour coupable d'avoir manqué à son devoir.