Les corps constitués représentent un poids dans la balance électorale. Combien sont-ils dans l'armée et les corps constitués (police, gendarmerie, douane, garde communal et Protection civile) qui voteront jusqu'au 29 mai dans les casernes, les postes avancés et les administrations? Le ministre de l'Intérieur avait avancé le chiffre de 400.000. Mais il semble bien qu'avec le nouveau rattachement des gardes communaux, le chiffre est légèrement plus important et atteindrait le demi-million de voix, que les trois plus importantes formations politiques de cette campagne ont essayé de séduire. Toutefois, comme pour tous les chiffres à caractère confidentiel, dans le monde, le nombre exact des éléments des corps constitués reste insaisissable. Dans le discours - véritable talk-show en continu - des leaders de ces trois partis politiques les plus pesants, le FLN, le RND et le MSP, divers messages codés ou «ouverts», ont été lancés à l'endroit de ses corps, qui, par-delà leur façade de bloc monolithique, n'en restent pas moins une partie de la société algérienne et demeurent, de ce fait, traversés par les divers courants d'idées qui l'émaillent. En ce qui concerne la Protection civile, dont le nombre est de 20.992, le vote a commencé hier, dans près de 50 bureaux de vote à travers les 48 wilayas du pays. A Alger, les 1592 éléments de la Protection ont commencé à voter au niveau du port d'Alger. Nos correspondants à l'Ouest du pays ont rapporté avoir vu, dès hier, les éléments de la sûreté nationale faire la queue dans leur bureau de vote, et ce, en présence des membres des comités de surveillance des élections. La garde communale, nouvellement restructurée et rattachée à l'Intérieur, a débuté, hier, son opération de vote. Structure paramilitaire, dans le contexte actuel des choses, la garde communale ne communique pas, elle aussi, le nombre de ses éléments. Dans les régions du Sud, le vote des gardes communaux s'est fait rapidement et durant la seule journée d'hier, afin de permettre aux élèves de la région de passer les épreuves de BEF et qui s'étalera sur trois jours. Les militaires, corps d'armée qui regroupe l'essentiel des forces de sécurité commenceront leur vote aujourd'hui. Dix ans de lutte antiterroriste vont certainement déterminer le choix des électeurs en casquette et réduire celui des partis à deux ou trois formations. Une grande partie des éléments des corps constitués se chargera, dès le mercredi soir, de la surveillance et de la sécurisation des villes et villages où les citoyens auront à effectuer leur devoir civique, jeudi. Pour ce qui concerne les bureaux itinérants, les véhicules tout-terrain ont commencé, hier, très tôt, à sillonner les vastes contrées du Sud algérien. Plusieurs endroits sont éloignés des centres urbains de 300, 400 ou 500 km et ne présentent, parfois, qu'une vaste tribu composée de 150 ou 200 électeurs. Le nombre de ces bureaux a connu une baisse édifiante, passant de plus de 4000 à 503, et qui est une volonté du ministère de l'Intérieur d'éviter la forte contestation des observateurs, due à la manipulation de ces bureaux itinérants, en même temps qu'un effort qui permettrait de donner une crédibilité à ce scrutin. Ainsi, les électeurs d'Illizi, de Djanet, de Bordj El-Haouès, de Bordj Omar-Driss, d'In Aménas, de Debdeb, de Tazrout, de Silet et de Tin-Zaouatine, pourront en même temps voter et surveiller des «urnes contrôlables». Certains régions steppiques regroupent des familles de nomades, électeurs réguliers, mais qui restent réfractaires aux nouveaux partis. Personnes difficilement malléables, elles restent encore imprégnées des valeurs nationalistes et traditionalistes.