Désintéressés, les Algériens ne semblent pas affolés par la chute vertigineuse des prix du baril. C'est plutôt la phobie des intempéries et les pertes humaines et dégâts matériels qu'elles ont occasionnés chaque fois, qui affole les Algériens plus que la chute des prix du baril. Cette récession pétrolière, qui est liée à un ralentissement économique mondial aggravé par la crise financière, aura certainement un impact direct sur l'économie nationale et indirect sur le quotidien des ménages. Qu'en pensent les citoyens? Témoignages: Naïma, mère de famille, 64 ans, retraitée affirme que «la situation économique actuelle ne change pas mon quotidien. Depuis ces deux dernières années, le pays connaît une forte hausse des prix des denrées alimentaires, ce qui se répercute directement sur notre pouvoir d'achat, c'est là le vrai problème du citoyen. A présent, les pensions de retraite n'arrivent pas à suffire, face à la cherté de la vie». Ali, cadre dans une entreprise de communication privée, ne se fait plus d'illusion, puisque sa vie «n'a pas changé avec un baril de pétrole à 9 dollars il y a dix ans et elle n'a pas changé non plus avec un baril à 150 dollars, il y a cinq mois». Salim, 30 ans, avocat, nuance sa réponse en affirmant qu'il ne «voit pas d'impact évident, du moins pour l'immédiat, mais uniquement une zone de turbulences temporaires qui ne va pas durer à long terme». Plus pointu dans son analyse et précis dans ses propos, Saïd, instituteur de langue française, en retraite depuis 15 ans, soutient que «tout le problème est dans la répartition de la richesse et la gestion de l'argent de ce pétrole». Cet instituteur va même plus loin quand il dit: «Comment voulez vous cultiver l'esprit patriotique, faire aimer le drapeau national aux générations montantes quand les richesses du pays sont dilapidées et très mal utilisées par ceux qui nous gouvernent?» L'Algérie qui est tributaire à 98% de ses exportations en hydrocarbures doit rationaliser ses dépenses publiques comme l'ont recommandé les experts du FMI lors d'une conférence qu'ils ont animée il y a trois jours, à Alger. Il est certain que l'actuelle conjoncture affectera le budget de l'Etat. Certes, la tourmente qui frappe le marché des hydrocarbures n'affecte pas pour l'instant le quotidien des citoyens, car la situation financière des personnes ne change pas en fonction de l'or noir dont le prix du baril subit de graves chutes. Mais ce n'est pas pour autant que le danger est écarté. Mohamed, 22 ans, étudiant à la Faculté des sciences de gestion et d'économie à l'université d'Alger, le dit bien dans sa réponse: «L'Etat algérien importe divers produits surtout les produits de large consommation à cause de l'insuffisance de la production nationale et de ce fait, il devient évident que la baisse du prix du pétrole se traduit par une flambée des prix.» Nous constatons qu'à travers leurs opinions, les citoyens ne sont pas indifférents mais sont désintéressés par la conjoncture actuelle. Seulement, si cette crise pétrolière persiste à long terme, elle aura un impact direct sur le développement écoomique du pays qui se traduira par un ralentissement des grands projets d'investissements. Cela même si les officiels algériens rassurent, à chacune de leurs interventions, que le danger n'affectera pas l'Algérie. Selon le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, l'Algérie a des réserves de change appréciables qui la prémunissent contre des perturbations mondiales.