Le président rwandais Paul Kagame a estimé hier que «le Rwanda est sur le banc des accusés» après l´arrestation le 9 novembre en Allemagne de la chef de son protocole, Rose Kabuye, sur la base d´un mandat d´arrêt international émis par la France. «Ce n´est pas seulement Rose qui est sur le banc des accusés, c´est le Rwanda qui est sur le banc des accusés. Ce n´est pas Rose qui est en procès, c´est le Rwanda qui est procès», a déclaré le chef de l´Etat rwandais lors d´une conférence de presse à Kigali. «Nous attendons l´issue de ce procès. Nous voulons que l´abcès soit crevé. La question sera résolue, d´une façon ou d´une autre», a assuré M.Kagame, accusant l´Allemagne d´avoir arrêté Mme Kabuye sur la base d´un «acte d´accusation fabriqué» et d´abriter «des criminels» rwandais. Interrogé sur de prochaines mises en accusations par la justice rwandaise contre 23 personnalités françaises mises en cause dans un rapport rwandais sur le rôle présumé de la France dans le génocide de 1994, il a répondu: «de possibles mises en accusation font partie de beaucoup de choses que nous pouvons faire du rapport. Cela dépendra de plusieurs facteurs. Pour sûr, la rapport donnera lieu à quelque chose». M.Kagame a également critiqué une nouvelle fois les méthodes du juge français Jean-Louis Bruguière, qui a lancé en 2006 des mandats d´arrêt visant Mme Kabuye et huit autres de ses proches pour leur rôle présumé dans l´attentat contre l´avion du président de l´époque, Juvénal Habiyarimana, dont l´assassinat servit de détonateur au génocide. Les mandats ont été lancés après une enquête déclenchée par la plainte de la famille d´un pilote français tué dans l´attentat. Le juge «a choisi d´entendre une seule catégorie de gens, des génocidaires», a accusé M.Kagame. Or, selon lui, ceux-ci «accusent faussement les gens pour couvrir leur propre responsabilité». Par ailleurs dans une interview à un journal britannique, le président Kagame a déclaré que l´Europe avait fait preuve d´un «mépris total» pour son pays en arrêtant Rose Kabuye, la chef du protocole présidentiel rwandais. Il a précisé dans cette interview publiée hier par le Financial Times que les accusations lancées contre elle étaient «sans fondement». Rose Kabuye a été arrêtée le 9 novembre en Allemagne en vertu d´un mandat d´arrêt international émis par la France. Cette proche du président Kagame est l´une des neuf personnes recherchées par la justice française pour leur participation présumée à l´attentat contre l´avion de l´ancien président hutu Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, élément déclencheur du génocide qui a fait selon l´ONU 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie. Après son arrestation à l´aéroport de Francfort, Mme Kabuye avait indiqué vouloir être rapidement transférée en France. Kigali a vivement protesté contre cette arrestation, dénonçant «un abus de la juridiction internationale» visant «une femme innocente» victime d´une «enquête manipulée» de la France à caractère politique.