La Protection civile a accompli un travail de titan à Ghardaïa, remettant en état la wilaya et pansant les blessures physiques et morales causées par les intempéries. Ghardaïa en chantier, Ghardaïa en construction. C'est ce que peut constater toute personne ayant passé ou séjourné, ces jours-ci, dans la ville qui a perdu plus de 40 des siens lors des intempéries qui ont frappé la vallée du M'zab. Les communes qui ont été touchées par la catastrophe, classées sinistrées, commencent à retrouver un nouvel élan. D'innombrables ouvrages sont érigés sur les hauteurs de la ville. Des files interminables d'engins activent pour effacer les séquelles de la catastrophe. La ville retrouve, peu à peu, son entrain. Pour ce faire, il suffit de visiter les grandes artères de la capitale du M'zab pour avoir une idée des transformations qui touchent la ville. Sous un ciel bien dégagé et un soleil parfois rigoureux, des dizaines, voir des centaines d'agents nettoient boulevards, rues et ruelles. Le curage des avaloirs et le nettoyage des rues sont en effet, d'après les spécialistes, les premiers maillons de la chaîne de sécurité. «La prévention commence à ce niveau avant d'arriver aux grands programmes de protection», nous a-t-on expliqué. Vu que la région est exposée aux menaces des inondations et autres dangers naturels, l'Etat est déterminé à mettre la sécurité des personnes et de leurs biens comme l'une de ses priorités. «Il y a une volonté réelle et déterminée à sécuriser cette wilaya des risques naturels», souligne le lieutenant-colonel Boualem Bourelaf, directeur général de la Protection civile au niveau de la wilaya. Du rôle de la Protection civile Comme c'était le premier à avoir dépêché ses troupes, L'Expression lui a ouvert ses colonnes pour témoigner de son expérience et surtout de sa manière de gérer la crise. «La catastrophe a été de grande ampleur car l'oued M'zab rassemble les eaux de trois bassins principaux qui s'étendent sur une superficie qui dépasse 1000km². En plus de ces bassins, 21 autres sous-bassins versent dans cet oued. Son débit est arrivé, selon nos estimations, à 1250m3/seconde», témoigne M.Bourelaf. Les habitants de la région lui ont donné un nom terrifiant, ils l'ont surnommé «al massah» c'est-à-dire le balayeur. «Les premiers avertissements ont été lancés à 4h du matin. La décision d'évacuer a été vraiment difficile pour moi car il fallait faire un choix en quelques minutes de réflexion», a-t-il expliqué. L'oued a coupé la ville en deux. La circulation était quasiment impossible. «On a fait le maximum pour sauver les vies humaines uniquement avec nos moyens humains et matériels durant les premières heures de sauvetage.» Les souvenirs semblent être très poignants pour ce jeune colonel. Quelques heures plus tard, les renforts des wilayas de Laghouat et de Ouargla sont arrivés sur les lieux. L'arrivée du directeur général de la Protection civile tard dans la soirée, le colonel Mustapha Lahbiri, en compagnie du ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, a stimulé les agents. Le colonel Lahbiri, ce n'est pas uniquement une présence de responsable, mais il représente une grande expérience dans le domaine des catastrophes naturelles. La qualité de son savoir-faire dans le tremblement de terre de Boumerdès et les inondations de Bab El Oued ont fait de lui une sorte d'homme-légende. Aussitôt arrivé, ce dernier a décidé d'installer un état-major pour développer une stratégie de sauvetage qu'il allait chapeauter. Ghardaïa est divisée en 7 secteurs. «C'est grâce à une organisation rapide et parfaitement bien ficelée que nous avons pu surmonter toutes les difficultés et être à la hauteur de notre mission», souligne M.Bourelaf. Le directeur de la Protection civile de Ghardaïa a gardé intacte la salle opérationnelle d'où émanaient les décisions de la Protection civile. L'établissement du quartier général montre un sens exceptionnel de l'organisation. Cette salle est remplie de cartes prises par le satellite Alsat1. Ce satellite donnait les détails définissant l'essentiel des bassins versants dans la région. D'autres cartes rapportent les changements géologiques apportés par les crues et des images réelles quant à l'état des communes touchées par la catastrophe. Le nombre d'agents de la Protection civile mobilisés lors de la catastrophe, a dépassé celui des 1700 personnes. L'essentiel de cette armada est arrivé de 27 wilayas. Ces éléments ont réalisé un total de 4307 interventions à travers la wilaya, avec 736 opérations de sauvetage: «une opération de sauvetage peut concerner plusieurs personnes voire des familles entières», nous explique le commandant Achour. Promesses tenues Les opérations effectuées par la Protection civile sont de l'ordre du sauvetage et des secours prodigués à des personnes en danger, la recherche des victimes, l'évacuation des eaux et l'assistance aux opérations à l'aide d'embarcations. Sur le terrain, les hommes en uniforme bleu nuit ont également dégagé des véhicules au nombre de 83, comme ils ont effectué 1829 autres opérations d'assistance comme de faire passer des gens par des axes dangereux ou transporter des malades... Afin de réaliser toutes ces opérations, la Protection civile avait déployé des moyens très importants. 145 moto-pompes ont été mobilisées tout au long de ces opérations de sauvetage. Il a fallu également utiliser 95 groupes électrogènes, 17 vide-caves, 11 embarcations pneumatiques et 10 girafes d'éclairage pour assurer le déploiement nocturne. Et ce, sans citer les 22 camions de transport de matériel et 25 autres de transport de troupes, mobilisés. Pour ce qui est de l'acheminement des vivres, la Protection civile y a joué un rôle prépondérant. Selon le lieutenant-colonel Bourelaf, pas moins de 60 éléments ont été mobilisés dans le déchargement et la distribution des dons à travers les huit sites d'hébergement recensés à travers la wilaya. Les travaux vont bon train dans la wilaya de Ghardaïa. «Nous sommes en avance dans certains sites», a déclaré hier M.Marès, haut cadre de la wilaya d'Alger, en charge de cette mission depuis les dernières intempéries. Notre interlocuteur a affirmé que 2005 plates-formes ont été achevées. Les 720 plates-formes restantes seront bientôt terminées. 13 entreprises nationales s'occupent de leur réalisation. Les 2725 chalets qui sont en train de se bâtir sur 9 sites différents sont les produits de Snvi, Woodmanifacture, Batimatel et Encc. Jusqu'à présent, 1305 chalets ont été assemblés. «Ce qui est intéressant, c'est qu'en plus de la clôture commune qui ceinture les sites, les chalets seront dotés de clôtures individuelles et cela par rapport au respect qu'on doit aux habitants de la région» souligne M.Marès. En matière d'évacuation des eaux usées et de pose du système d'assainissement, les travaux ont atteint 89%. «Ce qui explique que les travaux avancent à cette vitesse, c'est le fait d'héberger les travailleurs sur les sites de travail.» Ce qui encourage aussi l'accélération des travaux, c'est la réquisition de toutes les carrières de Ghardaïa par la fourniture de 12.000m² de gravats, même le tuf existe sur place. En quelque sorte, une chaîne de montage a été créée dans la région. L'opération de relogement se fera comme c'était prévu, à la fin de décembre. Quel sera le sort des bâtisses touchées? Sur les 29.000 logements expertisés, 2370 logements ont été cochés en «Rouge» et quelque 1830 en «Orange». Les propriétaires des logements bénéficieront, selon M.Marès, d'une assiette de terrain en plus d'un million de dinars (1.000.000DA). Les autres seront relogés dans des chalets. Afin de ne pas dépayser encore une fois les habitants des chalets, M.Mares et son équipe ont opté pour la réalisation de cités en dur en face de ces chalets. Les responsables ont pensé également à l'environnement, de nombreux espaces verts ont été programmés.