Les Chinois seraient-ils moins parcimonieux que les Algériens pour risquer un placement de dix fois supérieur à celui des Algériens? Les Chinois viennent d'en apporter la preuve: ils ont placé 585 milliards de dollars en bons de trésor américains. Voilà de quoi tempérer les ardeurs de ceux qui donnaient de la voix pour contester l'option algérienne de placer une partie de ses réserves en devises en bons de trésor US. A commencer par la porte-parole du Parti des travailleurs qui avait pratiquement fait de ce sujet d'actualité son fonds de commerce. «A ce que je sache, le ministre des Finances n'a aucune garantie de l'administration Bush que les 43 milliards de dollars placés par l'Algérie en bons de trésor américains ne seront pas utilisés pour financer le Plan Paulson», avait déclaré Louisa Hanoune il y a à peine quelques jours. Les Chinois seraient donc moins parcimonieux que les Algériens pour risquer un placement plus de dix fois supérieur à celui des Algériens. Selon les chiffres officiels, 43 milliards de dollars ont été placés par les Algériens en bons de trésor américains alors que les Chinois n'ont fait qu'accroître leurs bons de trésor US de 541,4 milliards au mois d'août ils ont atteint la coquette somme de 585 milliards de dollars au mois de septembre 2008. La Chine devient ainsi le premier créancier de l'Etat américain. Ce qui démontre avec force que le placement chinois ne comporte aucun risque. Il n'est ni dans les habitudes, ni dans les moeurs et encore moins dans la culture des responsables chinois de jeter par la fenêtre en un jour ce qu'il auront mis des années à faire fructifier. «Les obligations américaines restent un des placements les plus sûrs de la planète pour les Chinois», affirme Jean-François Huchet, directeur du centre d'études français sur la Chine contemporaine, Cefc, à Hong Kong. Et pourquoi cela ne serait-il pas valable pour les Algériens? L'Empire du Milieu qui est assis sur un super-matelas de devises de 1900 milliards n'a guère le choix en matière d'investissements sûrs, a estimé l'analyste. Et qu'on le veuille ou non, l'économie algérienne présente à l'heure actuelle des similitudes avec l'économie chinoise dont les réserves s'accroissent de manière extraordinaire. Les masses de devises cumulées alors que la monnaie locale, le yuan, n'est pas convertible y soumet la Banque centrale chinoise à des opérations de stérilisation. Une part de ces dollars repart directement à l'étranger, explique Jean-François Huchet. Voilà qui donne une explication aux déclarations du ministre des Finances algérien, Karim Djoudi qui avait déclaré que «les 135 milliards de dollars étaient à l'étranger, placés dans des établissements financiers à très faible risque». Il est vrai que la crise financière internationale a mis à mal les principales places boursières de la planète, mais elle aura aussi fait le lit des slogans populistes en Algérie. «L'Algérie n'est pas prémunie contre les impacts de cette crise», s'était écriée la porte-parole du Parti des travailleurs alors que le ministre algérien de l'Energie et des Mines lui répondait en écho, lors de la conférence qu'il avait tenue au forum d'El Moudjahid que le système financier algérien était déconnecté du système financier international. En d'autres termes, il n'y a rien à craindre. L'option chinoise de placer une somme aussi importante de ses réserves en devises en bons de trésor américains renforce la position de Ahmed Ouyahia, qui a défendu bec et ongles le gouverneur de la Banque d'Algérie et son ministre des Finances, M.Karim Djoudi.