Un tournant qui ne peut nous laisser insensibles en Algérie tant par la proximité géographique que par l'histoire et les enjeux géostratégiques qui visent le Bassin méditerranéen. Une lutte sans merci a eu lieu en France pour le contrôle du Parti socialiste. Sans merci où tous les coups étaient permis. Comme en témoigne ce slogan rageur «tout sauf Ségolène» qui a circulé dans les allées du congrès de Reims. Un slogan révélateur de l'extrémisme dans lequel n'hésitent pas à s'enfoncer certaines personnalités du PS. A cela, plusieurs raisons. Des raisons qui se retrouvent dans les réponses à ces questions: pourquoi un tel tir de barrage pour empêcher, coûte que coûte, que Ségolène Royal ne prenne la tête du parti? Quel crime a-t-elle commis? N'est-elle pas de gauche? A qui fait-elle peur? Au premier tour, jeudi dernier, elle est arrivée en tête. Les pourcentages publiés paraissent fantaisistes pour la simple raison qu'une fois additionnés, le total dépasse les 100%. C'est dire l'affolement et la déraison qui ont prévalu dans les rangs socialistes. Au moment où nous écrivons ces lignes, le deuxième tour n'a pas encore eu lieu. Mais il est certain et quelle que soit l'issue du scrutin, plus rien ne sera comme avant en France. Il n'y a qu'à voir l'éclipse momentanée de Sarkozy du petit écran pour ne pas encombrer la machine médiatique et la laisser se consacrer entièrement à ce qui se passe à Reims. Même Dominique Strauss-Kahn, l'un des éléphants du PS, a préféré passer par «la maison» après sa mission maghrébine pour le compte du FMI pour renforcer le dispositif prévu pour le «succès» du congrès socialiste. Dans tous les cas et en dépit de toutes les prouesses des partisans de Martine Aubry, le sarkosisme devra se résoudre à avoir en face de lui une réelle opposition incarnée autour de Ségolène Royal. Que celle-ci soit portée ou non à la tête du PS. Car il faut bien savoir qu'à la dernière élection présidentielle, la candidate socialiste a obtenu les voix de la moitié des Français. Le même nombre de voix obtenu par Mitterrand, soit autour de 10 millions. Cette dimension nationale acquise par Ségolène Royal dépasse de loin le cadre de la rue Solferino. Il faudra donc à Nicolas Sarkozy et aux «éléphants» du PS qui l'on rejoint, de s'en faire une raison et faire avec la personnalité faussement fragile de la nouvelle «Jeanne d'arc» française. Et que même si elle échoue à Reims (terri-toire des Bourguignons), il est certain qu'elle rebondira aussitôt en se donnant les moyens de rassembler ses partisans autour d'une nouvelle formation. Chose d'ailleurs que ne manqueront pas de faire également ses farouches adversaires du PS dans le cas où les militants ne choisiraient pas Martine Aubry pour les diriger. C'est donc un tournant décisif que prend la France dont Reims n'est que le point de départ. Un tournant qui ne peut nous laisser insensibles en Algérie tant par la proximité géographique que par l'histoire et les enjeux géostratégiques qui visent le Bassin méditerranéen. Sauf que notre sensibilité cessera d'être ce qu'elle a été. Elle ne sera plus ni de droite ni de gauche. Cela n'a plus de sens. Nous ne nous attendons pas à être entendus par l'UMP aujourd'hui, pas plus que nous l'avons été hier par la SFIO ou le PS de Mitterrand. D'ailleurs, la même notion est en train de disparaître entre démocrates et républicains aux Etats-Unis. Elle n'a fait que commencer avec le soutien du républicain Colin Powel au démocrate Obama. Ce sont d'autres valeurs qui se mettent en place. Comme nous, les Français l'ont aussi compris. C'est pourquoi, ils sont nombreux à voir en Ségolène Royal, qui ne fait partie d'aucun courant qui traverse le PS, une réelle alternative. Cette prise de conscience, bien que tardive, ne manquera cependant pas d'influer sur la trajectoire prise jusque-là par la politique française. Le «tout sauf Ségolène» s'explique donc aisément. De Gaulle aurait répondu: «Je vous ai compris!».