Ils seront des dizaines de millions, dans les 10 prochaines années, contraints d'émigrer, d'où la nécessité de revoir les critères d'immigration au plan international. Après l'immigration économique, politique, familiale, sanitaire, l'Union européenne prévoit l'invasion migratoire de l'Europe par une nouvelle catégorie d'immigrants, à savoir les immigrants climatiques. «D'ici 10 ans, les réfugiés climatiques se compteront par millions, la plupart victimes du réchauffement de la planète», prophétisent Javier Solana, Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, et la commissaire aux Relations extérieures de l'UE, Benita Ferrero-Waldner. «Près d'un cinquième de la population mondiale habite dans des zones côtières menacées par la montée du niveau des mers et les catastrophes naturelles. Les îles Caraïbes, l'Amérique centrale et les côtes orientales chinoises et indiennes sont les plus exposées», décrit le rapport de l'UE sur l'immigration climatique. Et de poursuivre: «La multiplication des catastrophes naturelles et des crises humanitaires se traduira par une pression accrue sur les ressources des pays donateurs.» Les deux responsables européens demandent la reconnaissance du phénomène comme un motif valable d'immigration au plan international. Néanmoins, ils appellent à ce que ce phénomène soit pris comme un signal d'alarme pour les gouvernements des Etats membres de l'UE, tenant compte de ses conséquences en matière de sécurité et de relations extérieures. Le réchauffement de la planète, qui épuise les ressources de la planète, favorise les catastrophes naturelles et modifie la géographie, poussant de plus en plus de gens à émigrer. Et l'Union européenne sera l'une des principales destinations. Le continent européen doit maintenant se préparer à voir déferler une nouvelle vague d'immigrés: les victimes du réchauffement climatique. Les ravages de ce phénomène, déjà visibles dans certains pays de l'hémisphère Sud, sont, en effet, en train de donner naissance à une immigration d'un genre nouveau, «l'immigration climatique». «On observe déjà dans de nombreuses régions du monde, une réduction des terres arables, une multiplication des coupures d'eau, une baisse des réserves alimentaires et poi-ssonnières, une augmentation des inondations et un allongement des périodes de sécheresse», écrivent M.Solana et Mme Ferrero-Waldner. Les réserves d'eau douce pourraient diminuer de 30% dans certaines régions, provoquant des pertes agricoles, une flambée du prix des denrées alimentaires, des pénuries et des troubles sociaux. «Le réchauffement climatique aggravera les conflits existants en réduisant les ressources disponibles», poursuit le rapport. Selon des experts, ce que le rapport ne dit pas, c'est que si la puissance d'une région se mesure à sa démographie, la tâche de l'Europe n'en est que plus difficile. L'Europe, - y compris la Russie - représente près de 11% d'une population mondiale estimée à 6,7 milliards d'habitants. D'ici à 2050, cette part ne sera plus que de 7%, alors que le nombre des seniors sera plus de deux fois supérieur à celui des jeunes. C'est donc une Europe affaiblie qui devra gérer les risques énumérés dans ce rapport, mais l'immigration climatique pourrait aussi être une force de rajeunissement pour sa population.