L'Asie et l'immigration sont les politiques clés de l'Union européenne. Cette dernière va négocier la réadmission des clandestins vers l'Algérie. L'Union européenne a décidé, ce week-end, de lancer des négociations avec quatre nouveaux pays (Algérie, Chine, Turquie, Albanie) pour assurer le rapatriement des immigrés illégaux. Réunis à Bruxelles, les ministres de l'Intérieur des Quinze ont formellement confié un mandat à la Commission européenne pour mener à bien ces négociations. Le premier accord de ce type vient d'être signé avec les autorités de Hongkong. Il prévoit que les deux parties procèdent à une «identification rapide et efficace, ainsi qu'au rapatriement des personnes entrées illégalement ou demeurant sur leur territoire». D'autres accords de réadmission sont actuellement en cours de négociation avec le Maroc, la Russie, le Pakistan, le Sri Lanka, Macao et l'Ukraine. Rappelons qu'au «plus fort des tourments» entre Madrid et Rabat (Maroc) se tenait le sommet européen de Séville, en juin dernier, qui avait été largement consacré à la lutte contre l'immigration illégale. Là, l'on avait souhaité «l'accélération de la conclusion des accords de réadmission en cours de négociation avec les pays tiers et l'ouverture de négociations avec d'autres Etats». Ainsi en matière d'asile et d'immigration, le Conseil européen entend créer un espace de liberté, de sécurité et de justice tout en optant pour une gestion des flux migratoires en étroite coopération avec les pays d'origine en respectant un équilibre entre l'intégration des immigrants et la lutte contre l'immigration clandestine. Cependant, afin d'améliorer la lutte contre l'immigration clandestine, le Conseil européen demande l'accélération de la mise en place d'un système commun d'identification des données de visas, de la politique de rapatriement et de la lutte contre la traite de l'humain. Outre les opérations conjointes aux frontières extérieures, le Conseil européen compte créer un réseau d'officiers de liaison avant juin 2003, la définition d'un tronc commun de formation de gardes-frontières et la légalisation d'un modèle d'analyse de risque. Par ailleurs, si l'Espagne a toujours affiché une attitude ferme face à l'immigration clandestine, une position sans doute dictée par son emplacement névralgique sur la carte de l'Europe et qui en fait une proie toute désignée à la transhumance sauvage, la France, elle, plaide pour une «approche équilibrée» des questions d'immigration. «Il est tout à fait indispensable de lutter contre les filières de l'immigration clandestine et contre tous ces trafics d'hommes qui sont souvent l'oeuvre de véritables réseaux mafieux», a souligné la porte-parole de l'Elysée, Catherine Colonna, au sommet de Séville. Selon elle, «La France ne pourrait pas comprendre qu'on établisse une conditionnalité entre la lutte contre l'immigration et l'aide au développement». D'où la décision du Conseil européen qui estime que la lutte contre l'immigration clandestine passe par la coopération économique, le développement des échanges commerciaux, l'aide au développement et la prévention des conflits. De plus, le Conseil européen demande que dans tout accord avec les pays tiers soit intégrée une clause sur la gestion des flux migratoires et sur la réadmission obligatoire des immigrants illégaux. A contrario, les pays non coopératifs ne pourront pas s'attendre à un approfondissement des relations. Selon des estimations officieuses, quelque 500.000 immigrés entrent illégalement chaque année dans l'Union européenne, où vivraient trois millions de clandestins. Il est clair donc qu'en jouant la carte de l'immigration clandestine, lors des négociations avec les pays du Sud principalement, le but de l'UE est clair: «Sécuriser l'Europe», tant en matière de terrorisme que de travail et de résorption du chômage. De par sa position géostratégique l'Algérie est appelée à jouer un rôle important dans cette perspective: transit vers l'Europe, elle peut également faire office de bouclier à ce continent et principalement à l'Espagne, à l'Italie, au Portugal et à la France, situés tous à quelques encablures des rives sud-méditerranéennes. Aussi, constatent des observateurs, l'Europe doit-elle mettre le prix. C'est le moindre tribut qu'elle peut et doit payer pour contribuer à consolider la coopération et renforcer les frontières avec le Sud. Si elles deviennent des passoires, l'Europe aura réellement du souci à se faire. Aujourd'hui, les Quinze de l'UE envisagent le rapatriement des réfugiés afghans suivant un programme dont ils avaient commencé à discuter en octobre dernier au Luxembourg. La Turquie et le Maroc restent les bêtes noires de l'Europe des Quinze au plan de l'immigration clandestine.