Le Comité olympique algérien (COA) n'est plus en phase avec le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). L'instance sportive s'est démarquée totalement de la démarche prônée par la tutelle depuis l'arrivée de Yahia Guidoum à sa tête. Dans un communiqué transmis, hier, à la rédaction, le COA a marqué son « territoire », refusant de reconnaître au passage la politique du directoire, inaugurée par l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports. Les termes (assez forts) du communiqué ne laissent plus planer le doute sur la vision diamétralement opposée des deux camps (MJS-COA) sur la question de l'heure qui secoue le mouvement sportif national (le remplacement d'un bureau fédéral élu par un directoire). A la course effrénée de la tutelle à l'intronisation des directoires à la tête des fédérations en remplacement des bureaux légalement élus par une assemblée générale souveraine, le Comité olympique algérien réplique par une résolution très appuyée de « la non-reconnaissance de tout organe non élu, désigné sous quelque forme que ce soit, et particulièrement le ‘‘directoire'', du fait que cette disposition n'existe pas dans la réglementation en vigueur, notamment la loi 04-10 relative à l'éducation physique et aux sports, ni dans la charte, statuts et règlements de l'olympisme ». Le comité olympique s'est donc clairement positionné sur la question du directoire initiée par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum. Par cette déclaration, le COA manifeste sa volonté de ne plus cautionner ce type d'acte de la part de la tutelle. Rappelons que des présidents et bureaux fédéraux élus ont été remplacés au pied levé par des directoires installés au pied levé par le ministre de la Jeunesse et des Sports sans autre forme de procès que cette phrase « Vous êtes relevé de vos fonctions ». Le COA ne s'arrête pas là puisqu'il avertit qu'il y aura « l'adhésion temporaire, à titre conservatoire, de la qualité de membre de l'assemblée générale du COA à toute fédération dont les organes dirigeants auront fait l'objet de mesures de suspension sans justification de la faute grave telle que définie à l'article 100 de la loi 04-10 relative à l'éducation physique et aux sports, et ce jusqu'à l'aboutissement définitif de tout recours introduit auprès des juridictions compétentes ». Par ce passage, le Comité olympique algérien notifie au ministre de la Jeunesse et des Sports son refus de cautionner la démarche préconisée par Yahia Guidoum comme traitement de la situation découlant directement de la douloureuse réalité du sport algérien. Le président du COA, Mustapha Berraf, n'est plus sur la même longueur d'onde que Yahia Guidoum sur cette question de limogeage à tour de bras. Le Comité olympique algérien a pris soin de souligner : « Ces décisions ont pour seule motivation le respect, par le COA, des lois algériennes en vigueur et des principes fondamentaux de la charte olympique qui précisent que la formation ou l'expression de la volonté des fédérations nationales ou d'autres entités membres du comité national olympique ou représentées en son sein ne doivent pas être entravées... » Cette montée au créneau du COA mettra-t-elle un terme à la frénésie du MJS à vouloir caporaliser le mouvement sportif national ? Une chose est sûre, après ce communiqué, ce n'est plus une ou deux fédérations qui ne sont plus d'accord avec la démarche de Yahia Guidoum, mais c'est bel et bien l'écrasante majorité des fédérations, pour ne pas dire toutes, au nom desquelles le COA s'est exprimé. Le COA rejette la politique de Yahia Guidoum. Cette situation aura des conséquences sur la représentativité du mouvement sportif national lors des prochaines compétitions internationales. En effet, les fédérations « dirigées » par des directoires ne pourront prétendre à une participation aux Jeux olympiques par exemple. Les retombées risquent d'être encore fâcheuses pour le sport algérien. A ce stade de la situation de pourrissement, les choses ne doivent plus rester en l'état. Ceux à qui incombent les (délicates) missions d'arbitrage doivent mettre un terme à cette parodie qui a assez duré.