Le Parlement irakien se réunissait hier en vue d'entériner le document approuvé le 16 novembre par le gouvernement. L´Irak devait entériner hier un accord historique avec les Etats-Unis qui s´engagent à évacuer leurs 150.000 soldats d´ici à trois ans et mettre fin à une invasion qui a renversé l´ancien dictateur, Saddam Hussein, mais a plongé aussi le pays dans le chaos. Les députés ont été convoqués à 15h00 (12h00 GMT) pour voter les 30 articles de «l´accord entre les Etats-Unis et l´Irak sur le retrait des forces américaines et l´organisation de leurs activités durant leur présence en Irak», a indiqué le vice-président du Parlement, Khaled al-Attiyah. Selon une source parlementaire, le président Jalal Talabani et le Premier ministre Nouri al-Maliki pourraient participer à cette séance. Si l´accord est voté par 138 voix sur 275, soit la majorité absolue des sièges, sa ratification interviendra après onze mois d´âpres discussions où, pour la première fois depuis cinq ans, les Irakiens ont négocié d´égal à égal. Car si Washington avait la puissance militaire, Baghdad savait que George W.Bush tenait à cet accord avant de quitter la Maison- Blanche. Mais le président Talabani, M.Maliki et le Grand ayatollah Ali Sistani, chef spirituel de la communauté chiite, ont tous souhaité que le pacte soit adopté par une large majorité des représentants des trois grandes communautés: chiite, sunnite et kurde. D´intenses négociations de dernière minute ont eu lieu hier pour tenter de convaincre les hésitants, notamment les partis sunnites. «Le Conseil présidentiel (le chef de l´Etat et les deux vice-présidents) et la présidence du Parlement sont parvenus à un accord qui inclut un certain nombre de réformes et une réunion se tient actuellement (hier) pour finaliser un cadre qui soit accepté par les principaux groupes parlementaires», a indiqué Selim Abdallah, porte-parole du Front de la concorde nationale (FCN, 39 sièges), principale formation sunnite. Les sunnites veulent, notamment que soit abandonnée la loi sur la debassification, qui a mis à l´index des milliers de membres du parti de Saddam Hussein et que leur communauté soit mieux représentée à la tête de l´Etat. «Nous disposons au Parlement d´assez de voix pour voter l´accord à une majorité simple mais (...) nous ne voulons pas le faire passer avec trois ou quatre voix de différence. C´est pourquoi nous ne relâchons pas nos efforts pour rassembler une large majorité», avait affirmé mardi le vice-président du Parlement, Khaled al-Attiyah. Cet accord, adopté le 16 novembre par le gouvernement, a fait l´objet de débats houleux lors de son examen au Parlement et, fait rarissime, il y a même eu des échanges de coups avec les députés favorables au chef radical chiite, Moqtada Sadr, violemment opposés à ce pacte qu´ils qualifient «d´humiliant». «Si l´accord n´est pas approuvé par une large majorité et s´il n´a pas le soutien des trois communautés chiite, sunnite et kurde, sa crédibilité sera faible. Les gens diront que la moitié du Parlement n´a pas voté en faveur», a dit, pour sa part, le député kurde Mahmoud Othmane. L´accord prévoit, notamment que «toutes les forces américaines devront avoir quitté le territoire irakien le 31 décembre 2011 au plus tard» et auparavant, au 30 juin 2009 au plus tard, toutes les forces de combat américaines devront s´être retirées des villes, villages et localités d´Irak. Par ailleurs, «le territoire irakien, ainsi que son espace aérien et ses eaux, ne pourront être utilisés comme point de départ ou de passage pour des attaques contre d´autres pays (...) En cas de menace ou d´agression interne ou externe envers l´Irak (...) les Etats-Unis prendront toutes les mesures, diplomatiques, économiques ou militaires nécessaires pour y faire échec», dit le texte.