Un groupe islamiste inconnu jusque-là, affirmant se battre pour la défense des musulmans d'Inde, a plongé la capitale économique de l'Inde, Bombay, dans un climat de terreur en attaquant mercredi soir une dizaine de cibles, dont de grands hôtels et un centre juif. Jusque-là touchée par les attentats des séparatistes sikhs, l'Inde était quelque peu épargnée par le terrorisme. Mais depuis le début de l'année 2008, on en est à la sixième attaque terroriste dans ce pays. Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'attentats terroristes exécutés par des kamikazes avec des ceintures d'explosifs ou dans des véhicules piégés, mais d'attaques menées par des hommes armés jusqu'aux dents, qui se sont attaqués mercredi soir à de nombreuses cibles, notamment des hôtels de grande renommée et un centre juif. Les assaillants seraient arrivés mercredi soir par la mer dans deux petites embarcations après avoir été largués par un bateau plus gros, selon les responsables des services de sécurité indiens. Plus de quarante-huit heures après le début des attaques terroristes, les forces de sécurité indiennes tentaient de venir à bout des hommes armés retranchés avec leurs otages, notamment dans le centre juif. L'une des premières cibles a été la gare ferroviaire de Chhatrapati Shivaji. Dans le grand hall, au moins deux hommes ont tiré avec des armes automatiques et lancé des grenades dans la foule. Ils ont tué 50 personnes. Les caméras de surveillance ont enregistré leurs visages, jeunes et calmes. Le même groupe a attaqué un hôpital accueillant des femmes et des enfants pauvres, où ils ont tiré dans le tas. Au cours de l'intervention de la police, le responsable de l'unité antiterroriste de Bombay (ATS), Hemant Karkare, a été tué d'une balle dans la tête. Pendant ce temps, un second groupe de terroristes a visé le Café Leopold, restaurant apprécié par les expatriés et les touristes. Le plus gros était à venir, lorsque d'autres assaillants lancent leurs attaques contre les hôtels de luxe, le Taj Mahal et l'Oberoi/Trident. Un complexe résidentiel et d'affaires, abritant aussi le centre juif et un hôtel pour des visiteurs israéliens a constitué également une des cibles des terroristes. Selon les témoins de l'hôtel Taj Mahal, “ils étaient très jeunes, presque des enfants, portant des jeans et des t-shirts”. Malgré le bouclage de la ville dès mercredi soir par les forces de sécurité indiennes, les opérations contre les islamistes retranchés dans deux hôtels de luxe et un centre juif de Bombay se poursuivaient encore hier. Jeudi à l'aube, les responsables indiens annonçaient que les extrémistes avaient tué plus de 100 personnes et transformé le centre de Bombay en zone de guerre. Puis les forces spéciales de l'armée sont entrées en action dans les hôtels, poursuivant les islamistes étage par étage, chambre par chambre. Près de 48 heures après ces attaques, qui ont fait 130 morts et 300 blessés selon le dernier bilan rendu public, les forces de police et de l'armée continuaient à fouiller une par une les centaines de chambres des deux grands hôtels pris d'assaut mercredi soir, le Taj Mahal et l'Oberoi/Trident. Au moins 93 otages, en particulier des étrangers, ont été libérés vendredi de l'Oberoi/Trident, où, selon la direction, 200 personnes étaient retenues la veille. Bien que les raids ont été revendiqués au nom d'un groupe islamiste, les Moujahidine du Deccan, du nom du plateau qui couvre le centre et le sud de l'Inde, inconnu jusque-là disant se battre pour la défense des musulmans d'Inde, des responsables indiens ont accusé le Pakistan, pays voisin et rival de l'Inde, d'être derrière ces attaques coordonnées et très bien orchestrées. Islamabad a aussitôt démenti et offert son aide à New Delhi. Ceci étant d'autres responsables étrangers ont évoqué la piste du réseau terroriste Al-Qaïda. L'un des islamistes retranchés dans l'Oberoi/Trident, interrogé par une télévision, a affirmé que le groupe réclamait la fin des “persécutions” contre les musulmans d'Inde, une forte minorité de 150 millions de personnes dans ce pays qui compte 1,2 milliard d'habitants, hindous en majorité. Aux dernières nouvelles, neuf des extrémistes islamistes auteurs des attaques, ont été tués, a indiqué hier un responsable indien Merzak T.