Pour l'Inde, les auteurs des attentats venaient du pays voisin. L'Inde a affirmé hier que tous les auteurs des attentats de Bombay venaient du Pakistan, estimant que ces attaques portaient «un grave coup» aux relations entre les deux pays. Cette mise en cause d'une implication pakistanaise, la plus grave portée par l'Inde, intervient au moment où le président américain George W.Bush envoie sa secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, attendue demain à New Delhi, comme «manifestation supplémentaire» de la solidarité des Etats-Unis. En visite hier à Londres, Mme Rice a appelé Islamabad à une «coopération complète, absolue et totale» dans l'enquête sur les attentats, tout en assurant «ne pas vouloir tirer de conclusions hâtives». Les deux pays voisins, qui se sont affrontés au cours de trois guerres, devenus des puissances nucléaires, ont failli connaître un quatrième conflit en 2001 à la suite d'un attentat contre le Parlement indien attribué au Lashkar-e-Taïba, un groupe basé au Pakistan et actif au Cachemire, de nouveau soupçonné dans les attaques de Bombay. «Les terroristes, qui ont été tués dans les affrontements de Bombay ces derniers jours, étaient d'origine pakistanaise», a déclaré le vice-ministre indien de l'Intérieur Shakeel Ahmad à la BBC, précisant qu'il n'accusait pas le gouvernement d'Islamabad d'implication mais que le territoire pakistanais était utilisé pour des activités «anti-indiennes». Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Anand Sharma a souligné que ces attentats portaient un «grave coup au processus de normalisation» entre les deux pays. «Ces hommes venaient tous du Pakistan. Nous parlons d'éléments au Pakistan», a-t-il souligné à son tour. L'unique survivant identifié parmi les assaillants, Ajmal Amir Kamal, 21 ans, capturé et interrogé par les forces de sécurité, a indiqué aux enquêteurs que tous étaient des Pakistanais entraînés par le Lashkar-e-Taïba, selon la presse indienne, citant les services de renseignements. New Delhi envisage de suspendre le processus de paix avec Islamabad à la suite des attentats, a affirmé dimanche l'agence de presse PTI, citant des sources selon lesquelles «une série de rencontres de haut niveau vont se tenir dans les prochains jours pour prendre une décision». Dans une interview au Financial Times, le président pakistanais Asif Ali Zardari a rejeté toute suggestion de complaisance envers les extrémistes islamistes. «Même si ces activistes sont liés au Lashkar-e-Taïba, qui croyez-vous que nous combattons?», a lancé M.Zardari, relevant que l'armée pakistanaise luttait contre des islamistes radicaux sur sa frontière avec l'Afghanistan. L'ambassadeur du Pakistan à Washington, Husain Haqqani, a exhorté l'Inde à éviter un discours de confrontation, faisant valoir qu'il «y a des terroristes qui s'entraînent secrètement dans tous les pays du monde. Ils n'agissent pas au nom d'un pays». «Tous les extrémistes veulent que l'Inde et le Pakistan se jettent à la gorge l'un de l'autre, pour pouvoir prospérer», a-t-il dit, assurant que son pays coopérerait à l'enquête. Sur le plan intérieur, la réaction des autorités aux attaques continuait de provoquer des remous alors que les démissions de responsables, à tous les niveaux, tombaient en cascade. Au lendemain de la démission du ministre de l'Intérieur Shivraj Patil et de l'annonce que le conseiller à la Sécurité nationale M.K. Narayanan avait présenté la sienne, le chef du gouvernement local de l'Etat de Maharashtra (ouest), où se trouve Bombay, a indiqué qu'il avait fait de même. «J'ai proposé de démissionner», a déclaré Vilasrao Deshmukh. «Si la responsabilité d'empêcher les attentats incombe au chef du gouvernement de l'Etat, je m'en irais. La décision finale appartient aux instances supérieures», a-t-il précisé, en allusion à la direction du parti du Congrès au pouvoir. Son adjoint, R.R. Patil, a démissionné hier de source officielle. Le chef du corps des gardes-côtes, critiqué pour ne pas avoir intercepté les assaillants venus par la mer, «est parti à la retraite» dimanche, selon l'expression utilisée par l'agence PTI.