Le «train de l'amitié» qui symbolise la paix entre New Delhi et Islamabad a été attaqué dans la nuit de dimanche à lundi Islamabad a immédiatement condamné hier l'attentat «haineux» qui a coûté la vie à au moins 66 personnes lors de l'explosion criminelle qui a dévasté deux wagons du «train de l'amitié» qui relie la capitale indienne New Delhi à la métropole pakistanaise Lahore. Espérant que les autorités indiennes mèneront une «enquête approfondie» pour retrouver les auteurs de l'attentat, un porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères a indiqué que «les informations préliminaires indiquent que la plupart des victimes sont des Pakistanais». D'aucuns estiment que ce nouvel attentat tend à freiner les efforts consentis depuis quelques années par l'Inde et le Pakistan pour établir la paix entre eux, qui vivent depuis près de 60 ans, et les indépendances des deux pays, en «paix armée» marquée par deux guerres sanglantes. La situation en devient encore plus préoccupante lorsque l'on sait que les deux nations sont devenues membres à part entière de l'exclusif «club nucléaire» en procédant, à quelques jours d'intervalle, en mai 1998 à leurs premiers essais de leur bombe atomique. Selon des responsables indiens, le feu qui a ravagé les deux wagons qui a brûlé au moins 66 personnes, a été déclenché par une explosion à base de kérosène. Le convoi était à 5 km de la ville de Panipat, à 100km au nord de la capitale indienne, lorsque l'explosion a eu lieu vers minuit dans la nuit de dimanche à lundi. «Nous avons compté 66 corps jusqu'ici. Trente personnes sont blessées. Elles ont été emmenées à New Delhi», a déclaré le commissaire de police de Panipat, Mohinder Singh. Il s'agit d'un attentat, a affirmé de son côté le ministre des Chemins de fer, Lalu Prasad Yadav indiquant, après que des explosifs et des bouteilles de kérosène eurent été retrouvés dans le train. «Les intentions sont évidentes: c'est une tentative pour déstabiliser le processus de paix entre l'Inde et le Pakistan». Ce n'est pas la première fois que l'Inde est ainsi frappée par des attentats dont les plus meurtriers (sept), eurent lieu le 11 juillet 2006 commis dans des trains et dans une gare à Bombay qui ont fait 187 victimes et près de 900 blessés. A l'époque, la police indienne avait accusé les services pakistanais (ISI) de forfaiture, entraînant un gel momentané du processus de paix entre les deux voisins. Cette fois-ci, le Pakistan a réagi promptement tant par la voix du président Musharraf que par celle du chef de la diplomatie. Le président Pervez Musharraf, dans un communiqué de la présidence, assurera que cet attentat «haineux» n'entravera pas les efforts de paix entre New Delhi et Islamabad. Condamnant un «acte de terrorisme haineux», le président Musharraf indique: «De tels actes de terrorisme injustifiables ne serviront qu'à renforcer encore notre détermination à atteindre l'objectif commun d'une paix durable entre les deux pays», affirmant dans le même communiqué: «Nous ne permettrons pas à ces éléments qui cherchent à saboter le processus en cours de parvenir à leurs fins dans leurs funestes projets.» Le président pakistanais a souligné, par ailleurs, «la nécessité pour les responsables du Pakistan et de l'Inde d'aller de l'avant avec détermination dans leur quête d'une résolution de leur différend et d'une paix durable dans la région». En exprimant «sa profonde douleur» pour les victimes, le général Musharraf a également appelé les autorités indiennes à «prendre toutes les mesures afin de présenter les responsables de cet acte haineux devant la justice». Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Khurshid Kasuri, a également condamné cet «horrible acte de terrorisme» et souligné que cet attentat ne «remet pas du tout en cause» sa visite en Inde prévue à partir d'aujourd'hui. Par ailleurs, citant les services de sécurité et de renseignements, la chaîne New Delhi Television a indiqué que l'attentat d'hier était presque similaire à ceux du 11 juillet 2006 contre des trains à Bombay (187 morts et plus de 900 blessés). Le train «Express Samjhauta» (ou «l'Express de l'Amitié») est un symbole depuis plus de trente ans de la paix fragile entre l'Inde et le Pakistan, mais a, jusqu'ici, tenu malgré les vicissitudes vécues par les deux pays qui ont aussi à gérer le casse-tête cachemiri en stand-by depuis les indépendances de 1948 et le partage de l'empire britannique des Indes. La guérilla qui sévit au Cachemire indien a, à plusieurs reprises, fait chavirer la paix entre Islamabad et New Delhi.