A lire la lettre adressée à Aït-Ahmed, le risque que le pays bascule dans un sanglant conflit civil serait grand. Manoeuvre électorale de dernière minute ou ultime cri de détresse avant que le pays ne bascule dans le chaos ? Le porte-parole du PT vient de briser l'omerta relative aux graves troubles qui secouent la Kabylie dans une conférence de presse accompagnée d'une lettre adressée hier au président du FFS, Hocine Aït Ahmed. «Depuis le commencement de la campagne électorale, des militants du FFS, du RCD et du MDS, formellement identifiés, se sont rendus responsables d'intimidations, de menaces et de provocations multiples visant à obliger les militants du PT à retirer leurs candidatures.» Une liste effrayante d'incidents est ainsi énumérée, qui tend à confirmer les graves accusations lancées par le PT: «La conférence que devait animer un membre de la direction nationale du PT à l'université de Tizi Ouzou a été annulée par le comité des étudiants sous la menace conjointe de vos militants et ceux du RCD (...). Dans plusieurs communes de Tizi Ouzou et Béjaïa, vos militants ne cessent d'inciter des jeunes désespérés au lynchage de nos militants et candidats et de leurs familles (...) Des appels à la mise en quarantaine, des résolutions d'excommunications de candidats et militants du PT ont été lancés (...) Les comités de citoyens s'arrogent le droit, à l'initiative de militants FFS et RCD, de convoquer des candidats du PT pour leur signifier qu'ils doivent se retirer des élections faute de quoi ils encourent les pires représailles». Le Rubicon semble avoir été franchi lorsqu'«un groupe de citoyens parmi lesquels se trouvaient des sympathisants et des militants du RCD, entraînés par un chanteur, avait déclaré publiquement qu'il égorgerait un membre du comité central du PT et candidat à Alger originaire de Larbaâ Nath Irathen s'il venait à se rendre à son domicile». A cela s'ajoute, comme rapporté dans notre édition d'hier, la tentative d'assassinat avortée perpétrée dans la nuit de lundi à mardi contre le tête de liste du PT à Béjaïa. Le pire, comme on peut le découvrir aussi bien dans la lettre de Louisa Hanoune adressée à Hocine Aït Ahmed que dans sa conférence de presse, c'est le caractère ethnique qu'a pris cette démarche basée sur la violence et l'exclusion: «Même des militants du PT originaires de Kabylie qui résident dans d'autres régions du pays ont subi des pressions et des menaces de la part de militants du FFS et du RCD qui les ont sommés de se retirer des listes électorales sur la base d'un argumentaire ethniciste, raciste, opposant les Kabyles au reste de la population algérienne». Aussi, Louisa Hanoune, qui craint pour l'intégrité de la nation, n'hésite-t-elle pas à brandir le risque de menace de guerre civile. Et de marteler, une nouvelle fois, que «les menaces de morts subies par nos militants ont pour auteurs des militants identifiés, que nous connaissons». Cette sortie, intervenue à quelques heures à peine du début du scrutin, est jetée comme un gros pavé dans la mare et éclaire d'un regard nouveau les graves troubles avec lesquels vient de renouer la Kabylie depuis deux jours. Le FFS, saisi officiellement par un membre de la direction du PT, nous déclare un cadre du parti d'Aït Ahmed, a «immédiatement demandé les noms des militants impliqués dans ces graves dérapages». Ajoutant que «si ces accusations venaient à être confirmées, les militants seraient immédiatement radiés puisque le FFS, parti politique et pacifiste dans son essence, ne peut tolérer ce genre de graves dérapages, et encore moins que soit remise en cause l'intégrité populaire ou territoriale du pays». Nous apprenons, en outre, que le leader du FFS, saisi officiellement par le porte-parole du PT, devrait lui répondre par écrit dans les tout prochains jours.