Le parti de Hocine Aït Ahmed n'a pas réussi à faire voter la frondeuse Kabylie. C'est avec une véritable gueule de bois que le FFS a prix connaissance, ven- dredi matin, des résultats des élections locales de jeudi. Il n'a, en effet, pas réussi à mobiliser ses troupes en Kabylie, son ancien fief réputé imprenable. Aucun affrontement sanglant, fort heureusement, n'est à déplorer. Mais le FFS a perdu de sa superbe, comme le RCD avait subi le même sort avant lui. Dans une déclaration rendue publique jeudi, au moment même où le scrutin se déroulait, le FFS a tenté de tout mettre sur le dos du pouvoir, ou plutôt de l'administration. A l'en croire, celle-ci ne se serait pas acquittée correctement de son rôle, laissant des communes entières sans bureaux de vote en dépit de la volonté citoyenne d'aller voter. La même récrimination, au reste, avait été lancée par Louisa Hanoune, porte-parole du PT, dans une conférence de presse animée la veille. Même si l'argument ne paraît pas tout à fait dénué de fondements, il n'en reste pas moins que ce constat, assez localisé dans l'espace et dans le temps, ne peut suffire, à lui seul, à expliquer le taux de participation très faible observé, une fois de plus, en Kabylie. Les ârchs ont eu le dernier mot. Les chiffres, en politique, sont têtus. Le FFS, malgré tout, a nettement progressé dans ses résultats, obtenant le contrôle de 65 communes et de 2 wilayas au moins, alors qu'il en détenait à peine la moitié aux locales d'octobre 97. Il préserve, en principe, ses quatre fauteuils sénatoriaux et a même des chances d'en briguer d'autres. Les bons scores du parti de Hocine Aït Ahmed restent surtout concentrés au niveau du centre du pays. Le FFS, pourtant, ne peut en tirer qu'une modeste satisfaction puisqu'il vient, de la manière la plus officielle qui soit, de se faire supplanter au niveau de son fief. Des réactions sont attendues aussi bien de la part de son premier secrétaire que de son président, Hocine Aït Ahmed. Même si les militants de ce parti et ses sympathisants avaient été seuls à aller voter, le taux de participation aurait dû être plus important que ce qu'il est actuellement, ce qui donne toute la mesure de la crise qui vient, désormais, de s'installer dans la durée en Kabylie. Il est des communes, en effet, où le nombre de participants n'a même pas atteint celui des participants, ce qui représente un comble, donnant par ailleurs la pleine mesure de la crise qui, désormais, vient de s'installer dans la durée au niveau de la région de Kabylie. L'échec du FFS, il faut le dire, est d'autant plus difficile à digérer, que sa participation aux élections locales, avait-il tenu à préciser, était avant tout d'ordre politique. Elle visait, en effet, à éviter le «chaos programmé» en Kabylie et à y «briser la terreur et l'omerta érigées en règle face à l'absence chronique de l'Etat». Ahmed Djeddaï, qui doit animer aujourd'hui une conférence de presse, aura sans doute à revenir en détail sur cette question et à donner la lecture politique qui sied aussi bien au vote «particulier» de la Kabylie qu'aux résultats, tant politiques que techniques, obtenus par son parti. Le FFS, qui donne l'air de se trouver au creux de la vague, aura fort à faire avant d'arriver à redresser la barre. Il est vrai qu'un parti qui a une telle histoire ne meurt pas aussi facilement. Il n'en demeure pas moins vrai, également, que c'est tout l'échiquier politique de notre pays qui est en train d'être reconfiguré suivant la seule volonté des urnes et, partant, celle du peuple.