Il a estimé que si l'objectif de l'Indépendance a été atteint, il n'en demeure pas moins que celui de l'édification de l'Etat et la construction de l'Union maghrébine demeure d'actualité. L'heure n'est pas aussi grave qu'en 1954, mais elle appelle à des questionnements. Dans quel chapitre classer la sortie de l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, qui intervient quelques jours après celle de l'ancien président Chadli Bendjedid? Animant une conférence autour de l'Appel du 1er Novembre 1954, Abdelhamid Mehri a plaidé hier à Alger, la nécessité de faire une «nouvelle lecture» de ce texte à la lumière des changements que traverse le pays et à la hauteur des défis de l'avenir. L'ancien ministre du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) a souligné que «l'Appel a arrêté des objectifs précis pour la Révolution, qui demeurent d'actualité, nécessitant une nouvelle lecture à la lumière de la situation actuelle du pays et à la hauteur des défis à venir». Deux hommes, Chadli et Mehri, deux déclarations à quelques jours d'intervalle et un même sujet: l'Histoire. L'un promet de révéler des vérités et l'autre propose une relecture d'un texte fondateur de la République algérienne, à savoir l'Appel du 1er Novembre 1954. Il est à remarquer, par ailleurs, que ces deux sorties interviennent exactement à 120 jours de la prochaine présidentielle. Si la déclaration de Chadli n'a pas fait réagir des personnalités qu'il a égratignées à partir de El Tarf, les propos de M.Mehri ne laisseront pas indifférents certains membres de la famille révolutionnaire et surtout les islamistes. Ces derniers ont toujours profité d'une relative «ambiguïté» de ce texte pour appuyer le projet de l'instauration d'un Etat islamique en Algérie. L'Appel du 1er Novembre affirmait: «La restauration de l'Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques», un passage que les islamistes se sont largement appropriés. Pour M.Mehri, ce passage a été explicité dans un autre texte tout aussi important qui est la plate-forme du Congrès de la Soummam. A propos de l'objectif d'édification d'une République dans le cadre des principes de l'islam, et en réponse à l'intervention de Abderrahmane Chibane, président de l'Association des oulémas musulmans algériens, sur «le délaissement par le Congrès de la Soummam du 20 août 1956 de cet objectif», M.Mehri y a coupé cours. Il a affirmé que la plate-forme de la Soummam «n'a à aucun moment ignoré ce passage de l'Appel du 1er Novembre». Il a relevé que cette plate-forme avait clarifié cette question en «réfutant toute velléité de retour à une monarchie ou une théocratie révolue». «En réalité, le Congrès de la Soummam voulait mettre l'accent sur la nécessité d'édifier un Etat moderne et épargner l'Islam des usages politiques», a-t-il encore expliqué pour couper ainsi l'herbe sous les pieds des islamistes. Pour l'ancien ministre du Gpra, «les initiateurs de l'Appel du 1er Novembre ont arrêté trois objectifs, à savoir la libération du pays, l'édification de l'Etat algérien indépendant et la construction de l'Unité maghrébine», a-t-il expliqué. Cependant, pour M Mehri, «si l'objectif de l'Indépendance a été atteint, il n'en demeure pas moins que celui de l'édification de l'Etat et la construction de l'Union maghrébine, demeure d'actualité». Cela étant, Abdelhamid Mehri a soutenu que le groupe de militants qui était derrière cet Appel, avait une culture politique solide, cumulée dans les rangs du Parti du peuple algérien (PPA). «Ces militants avaient pris conscience des exigences de l'étape et des conditions intérieures et extérieures favorables pour le déclenchement de la Révolution, dans le sillage d'un vaste mouvement d'union populaire», a-t-il souligné. Pour Abdelhamid Mehri, la force du mouvement de libération, suscitée par l'Appel «réside dans le fait qu'il a pu dépasser la crise du PPA et des autres composantes du Mouvement national, prises dans l'engrenage d'une possibilité de règlement du conflit à travers la voie pacifiste et électoraliste». Il a ajouté, à ce propos, que «l'Appel du 1er Novembre est le résultat d'efforts immenses pour tirer les leçons historiques de la Résistance algérienne». «Cette question demeure posée et il est préférable qu'elle soit mise au centre des recherches pour aboutir à un consensus» autour du contenu de l'édification d'une République dans le cadre des principes de l'Islam, a-t-il conclu.