Le sempiternel problème des agriculteurs est celui des engrais qui sont parfois introuvables même à des prix exorbitants. Les agriculteurs et les professionnels de la pomme de terre au niveau de la wilaya de Bouira ont été unanimes à affirmer qu'ils sont confrontés à plusieurs problèmes. C'est l'une des réalités que le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a constaté, lors de sa dernière visite de travail dans cette wilaya. En dépit de la bonne saison de ce tubercule, les intervenants ont dressé un tableau noir concernant la situation qui prévaut au sein de ce secteur. Les inquiétudes exprimées à l'occasion ne sont pas des moindres. Les agriculteurs avaient souligné, entre autres, les lourdes pertes dont ils sont victimes en raison de la défection de certaines chambres froides et le fait de ne pas être payés pour la production qu'ils ont réussi à stocker. En réponse à leurs doléances, le ministre a appelé les opérateurs du secteur de l'agronomie à investir dans ce créneau. «Tout investissement en matière de réalisation de chambres froides à Bouira, ou dans les alentours, est le bienvenu» a-t-il affirmé. En effet, les pommes de terre de Bouira ont été stockées à Skikda et à Annaba et les frais de transport sont à la charge du producteur. Les fellahs ont exposé également le sempiternel problème, celui des engrais. Ces matières sont parfois introuvables même à des prix exorbitants dépassant les 6500DA pour un sac de 50kg. L'insuffisance des engrais sur le marché n'est pas une «mesure de représailles envers les agriculteurs» comme le sous-entendent quelques-uns, mais plutôt pour permettre un usage correct de cette matière, a essayé d'expliquer M.Benaïssa. Allusion faite à l'utilisation des engrais par les terroristes pour la fabrication des explosifs. A propos du Syrpalac ou le Système de régulation des produits agricoles de large consommation, le ministre a déclaré: «Heureusement qu'il y a eu du stockage, sinon la pomme de terre pourrait grimper jusqu'à 100DA le kg.» Au regard des interventions des fellahs et représentants de coopératives, le ministère de l'Agriculture aura à déployer beaucoup d'efforts pour faire comprendre le fonctionnement du nouveau dispositif «Rfig». Les concernés ont dénoncé les blocages qu'ils rencontrent au niveau des administrations. Aussi, un travail de proximité s'impose pour faire bénéficier les ayants droit de ces formules. Dans le même registre des doléances, les agriculteurs ont dénoncé l'utilisation des terres agricole, à d'autres fin, comme la construction d'un centre pénitentiaire de 4,5 ares. Par la même occasion, le ministre a inauguré le 1er Salon du mouton à Dirah, une commune sise à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Bouira. Pendant trois jours, une cinquantaine d'éleveurs, vêtus en kachabia, ont exposé leurs produits. «C'est un évenement important qui aurait le mérite de s'inscrire comme un rendez-vous annuel.» Selon un agriculteur d'El Hachimia qui a pris part à ce Salon, l'endroit choisi est assez éloigné pour une manifestation de cette envergure. «Ce sont les habitants de la wilaya de M'sila qui vont bénéficier de ce Salon», a-t-il déclaré. Pour ce qui est des prix, ils sont jugés exorbitants par les visiteurs. Les prix des ovins n'étant pas particulièrement attractifs selon les habitués des marchés aux bestiaux. Entre 25 et 40.000DA un mouton de constitution normale est un prix qui paraît excessif pour certains exposants. «La wilaya de Bouira a connu une année de sécheresse, par conséquent les prix de la nourriture avaient flambé.» C'est ce qui explique la vente d'un mouton de 25kg à des prix «astronomiques». Afin de donner un aspect imposant à ce premier rendez-vous du genre où, quand même, seront exposés tous les produits issus du terroir, la direction des services agricoles (DSA) a mobilisé 50 stands à l'intérieur d'une structure sous forme de hangar. «L'enjeu est d'offrir des espaces d'exposition pour tous les agriculteurs de la wilaya afin de faire connaître la qualité et la diversité de leurs produits», a souligné le premier responsable de la DSA de Bouira. Les acteurs de ce Salon ont été rangés en trois catégories: ceux provenant de la zone montagneuse où se développent des activités arboricoles, ceux issus de travaux champêtres comme le blé ou les fourrages et les produits résultant de l'élevage ovin et caprin. Ainsi se trouvent réparties naturellement les trois zones de la wilaya par le simple fait des activités qui s'y développent exclusivement. Comme un général de guerre, M.Benaïssa se déplace d'est en ouest pour évaluer les différents projets de proximité du développement rural. Après Bouira, le ministre s'est déplacé hier à Guelma et à Souk Ahras pour donner un nouveau souffle à ce renouveau de l'économie agricole et rurale par l'intégration des contacts de performance, qui sera entamée en 2009. Ce nouveau système de gestion engage la responsabilité des exploitations agricoles à produire les résultats escomptés à la fin de chaque saison.