Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître. Trois poteaux, deux avertissements et un but mémorable, tels sont les faits à retenir de cette première rencontre du XVIIe Mondial. Les Sénégalais viennent de créer un exploit historique en disposant, en match d'ouverture, du champion du monde en titre rééditant, du coup, l'exploit de leurs prédécesseurs camerounais qui avaient battu l'Argentine en 1998 au même stade de la compétition. Tenante du titre, l'équipe de France a eu le privilège d'ouvrir cette XVIIe coupe du monde en compagnie d'un néophyte, le Sénégal. Un privilège qui s'est avéré fatal deux fois pour l'Argentine en 1990 contre le Cameroun et en 1982 contre la Bulgarie. Emmenés par un El-Hadji Diouf en superforme, les Sénégalais n'ont jamais baissé les bras, bien au contraire. A l'issue de cette victoire le Sénégal oblige la France à démarrer le Mondial avec une défaite dans la défense de son titre et la condamne à gagner ses deux prochains matches. Orphelins de Zinedine Zidane, les champions du monde français ont été la proie des Lions du Sénégal en match d'ouverture à Séoul. Composée de joueurs opérant dans le championnat de France, la formation sénégalaise, entraînée par le Français Bruno Metsu, est venue à bout (1-0) de Bleus qui jouent presque tous hors de l'Hexagone. Pour le premier match de la phase finale de leur histoire, les Africains ont brouillé la donne au sein du groupe A dont ils passaient, à tort, pour le maillon faible. Les deux autres équipes de la poule, le Danemark et l'Uruguay, entrent en lice aujourd'hui et savent maintenant que les deux places qualificatives pour la suite du tournoi seront particulièrement chères. Sur le modèle camerounais, les Lions de la Teranga savaient que la meilleure manière d'entamer leur campagne était de s'imposer pour leur première rencontre. Sitôt passées les premières minutes, naturellement crispantes dans un tel contexte, les Sénégalais se montraient les plus mordants. Et si El-Hadji Diouf, l'attaquant de Lens, était régulièrement coupable de position de hors jeu, c'est lui qui, d'un débordement côté gauche après avoir effacer un Leboeuf ruminant, offrait un centre décisif pour Bouba Diop (30) qui ouvrait la marque d'un coup de billard avec la complicité de Petit. De leurs côtés, les Français s'étaient montrés plutôt timides, hormis une frappe sur le poteau gauche de David Trezeguet (23). Et une fois menés, s'ils se montraient un poil plus dangereux, cela ne suffisait jamais à revenir au score. Immanquablement ressurgissait l'ombre de Zinedine Zidane, le grand absent de la soirée, blessé, et dont la vision du jeu et les passes millimétrées faisaient cruellement défaut à ses partenaires. Certes plus présents en seconde période, les Français, auxquels ils manquaient souvent le dernier coup de rein, butaient régulièrement sur une défense sénégalaise solide et bien regroupée. Si Thierri Henry trouvait à plusieurs reprises le cadre, Tony Sylva (3e gardien à Monaco !) s'interposait à chaque fois avec brio. Des interceptions qui remontaient au fur et à mesure le moral des coéquipiers de Fadiga dont le tir a percuté la transversale. Et, malgré l'intense pression imposée par les Bleus dans les dernières minutes, les Sénégalais de Bruno Metsu parvenaient à préserver le score, créant là une énorme surprise face aux champions du monde. Pour les Bleus, le droit à l'erreur n'est plus permis. La défaite les condamne d'ores et déjà à s'imposer au cours de leurs deux prochains matches, face à l'Uruguay et au Danemark, s'ils veulent continuer à rêver au doublé.